Au Maroc, les canaux de paiement électroniques peinent à se généraliser dans le monde des affaires (B2B) et ce, malgré la multitude d’avantages qu’ils octroient, que ce soit en termes de facilité des échanges, de sécurité des opérations ou bien de gain par rapport aux coûts et délais des transactions.
Au sein de l’écosystème portuaire, force est de constater la prédominance des moyens de paiement traditionnels (chèques, cash, etc.), ce qui ne manque pas d’impacter lourdement les délais et les coûts de transit. De ce point de vue, l’absence de solutions de paiement efficaces et qui répondent aux besoins des opérateurs, constitue le talon d’Achille de la compétitivité logistique au Maroc, un pays qui se positionne en tant que hub entre l’Europe et l’Afrique.
C’est dans cette optique que l’Agence nationale des ports et Portnet, ont lancé, ce vendredi, en partenariat avec l'Alliance mondiale pour la facilitation du commerce, ler 1e Hackathon digital consacré à l’innovation dans le secteur portuaire au Maroc: Smart Port Challenge #2020. L’un des principaux challenges proposés aux chercheurs, startups, entreprises et étudiants est celui relatif à «l’accélération de l'adoption du paiement électronique».
Lire aussi : Logistique: les leviers de la relance se précisent
De nombreux obstacles«Il y a encore un effort à faire au niveau de la fluidité du paiement des factures. Des freins existent toujours pour l’adoption des moyens de paiement électroniques par les entreprises», souligne Jalal Benhayoun, directeur général de Portnet, qui s’exprimait en cours d’un webinar, en marge du lancement du Smart Port Challenge #2020.
Parmi ces freins, le patron de Portnet évoque le fait que les solutions disponibles actuellement ne sont pas forcément adaptées aux process des entreprises. «Ces solutions ne sont pas complètement alignées avec les process business des entreprises où un paiement doit passer par une cascade d’autorisations au niveau du management», précise le patron de Portnet. «Du coup, l’entreprise va favoriser la signature d’un chèque ou la réalisation d’un virement, pour sécuriser sa procédure interne», explique-t-il.
Un deuxième frein réside dans la complexité du processus d’intégration, par les marchands, de la plateforme de paiement. «C’est un processus qui nécessite des efforts de développement informatique et une maturité des systèmes d’information au niveau de l’entreprise», constate Benhayoun.
Les coûts liés à ces solutions électroniques constituent également un obstacle majeur à la généralisation du paiement électronique auprès des opérateurs de la chaîne logistique nationale. «Les coûts et les tarifs de ces moyens de paiement les rendent peu compétitifs par rapport à des moyens de paiement gratuits, comme les chèques», soutient Le DG de Portnet.
Lire aussi : Portnet: l’accès au port de Jorf Lasfar se fera uniquement en mode digital
Le virement instantané avant fin 2021Rachid Tahri, président de l’Observatoire marocain de la compétitivité logistique, ne manque pas de rappeler qu’en matière de transport international de marchandises, le temps c’est de l’argent. Tout délai dans le traitement des opérations de paiement (pour certifier un chèque par exemple ou effectuer un virement) engendre des retards de sortie des marchandises, des coûts de stockage supplémentaires, ce qui grève, par conséquent, la compétitivité de l’entreprise.
Driss Bennouna, directeur général adjoint de CIH Bank, en charge des services technologiques, rappelle de son côté que l’instantanéité du paiement est aujourd’hui une réalité pour les particuliers, mais ce n’est pas encore le cas pour les entreprises.
Il révèle toutefois que le Groupement pour un système interbancaire marocain de télécompensation (GSIMT) travaille sur la mise en place d’une solution de virement instantanée. «Les virements instantanées devraient intervenir d’ici la fin de l’année 2021», annonce-t-il. Mais, au-delà du défi technologique pour pouvoir avoir des moyens de paiement instantané, un autre défi, tout aussi difficile, devra être relevé par les entreprises: celui des habitudes et des reflexes.
«Les entreprises, notamment les PME, ont dans l’esprit que le chèque et le cash sont des moyens plus sûrs et plus efficaces que les moyens électroniques», analyse Abdeslam Samaili Alaoui, directeur général d’HPS. Autrement dit, la compétitivité des opérateurs logistiques au Maroc doit passer, aussi, par un changement de mentalité des dirigeants et cadres de ces entreprises.