Les prix du poulet se sont envolés ces derniers jours sur les étals des marchés marocains et deviennent inaccessibles pour de nombreux ménages. Ainsi, cette semaine, dans plusieurs villes du Royaume, le kilogramme de poulet se négociait autour de 20 dirhams, au lieu de 13 à 14 dirhams habituellement.
Joint par Le360, Chaouki Jirari, directeur général de la fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) attribue cette hausse à un fort déséquilibre entre l’offre et la demande. «Au Maroc, les prix des produits agricoles, et en particulier ceux de la volaille, sont libres, par conséquent, quand l’offre est plus importante que la demande, les prix baissent», rappelle-t-il.
Or, souligne Jirari, «depuis janvier 2021 jusqu’à il y a un mois, la demande a fortement baissé, à cause notamment des effets de la pandémie et des restrictions, alors que dans le même temps l’offre est demeurée élevée. Durant cette période, les éleveurs de poulets ont perdu beaucoup d’argent, puisqu’ils vendaient à perte leur production, autour de 8 à 10 dirhams, soit une perte de 3 à 4 dirhams par kilo».
Aujourd’hui, on assiste à un inversement de tendance, caractérisée par une reprise vigoureuse de la demande, surtout depuis l’annonce, le 30 septembre dernier, de l’assouplissement des mesures restrictives, en particulier dans le domaine de la restauration et de l'organisation de fêtes et de mariage.
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Dans le même temps, l’offre en poulet, elle, s’est réduite. Et pour cause, en vendant à perte leurs poulets pendant des mois, un nombre important d’éleveurs a été contraint de diminuer sa production, voire d’arrêter ses activités. C’est, selon notre interlocuteur, cette situation qui est à l’origine de la flambée des prix constatée récemment. «C’est la conséquence de mois de pertes pour les producteurs», insiste-t-il.
Outre ce déséquilibre entre l’offre et la demande, la flambée des prix du poulet est également alimentée par les tarifs élevés des aliments de volailles sur le marché international, en particulier les produits à base de maïs ou de soja. «La quasi-totalité des intrants servant à l’alimentation de la volaille au Maroc sont importés», fait remarquer le DG de la FISA, qui rappelle que les aliments représentent plus de 70% du coût de revient du poulet. La hausse vertigineuse des tarifs du fret observée ces derniers mois contribue, elle aussi, à surenchérir les prix.
Selon Chaouki Jirari, un retour à des prix plus abordables du poulet est envisageable d’ici 3 à 4 mois, à la faveur d’un nouveau cycle de hausse de l’offre. En effet, maintenant que la production est rentable, les éleveurs, qui avaient réduit la voilure au cours des mois précédents, vont reprendre leurs activités, ce qui va contribuer à rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande et orienter à la baisse les prix sur les marchés. «C’est un marché en dent de scie», résume, pour conclure, notre interlocuteur.