C'est en 2007 que les premiers produits islamiques, dits “alternatifs", ont commencé à être commercialisés au Maroc à travers le groupe Attijariwafa bank. Beaucoup d'autres institutions tels que la BMCE notamment et le Groupe BCP, lui ont emboité le pas en proposant des produits "halal" à leurs clients. Or, l'expérience du Groupe BCP en la matière n'a pas duré bien longtemps. Ce dernier a préféré, après quelques mois, arrêter la commercialisation des produits alternatifs évoquant “des problèmes techniques” mais promettant “un retour en force avec des formules plus compétitives et plus adaptées au marché”. En réalité, l'encours des produits bancaires alternatifs proposés notamment par la BCP avait connu une forte chute dès 2008 après un gros succès au lancement. Un encours de 744 millions de DH en baisse de 15% alors que Bank Al-Maghrib tablait sur un encours de 1 milliard à la fin de l'année 2008.
À l'inverse, Attijariwafa bank est allé jusqu'à élargir l'activité en ouvrant un établissement entièrement dédiée à la finance islamique: Dar Assafaa. En pratique, la société se finance et finance les projets d’acquisition de ses clients exclusivement au moyen des produits alternatifs autorisés par Bank Al-Maghrib. Elle ne facture pas d’intérêts et ne paye pas non plus d’intérêts aux bailleurs de fonds. Néanmoins, l'établissement n'offre aujourd'hui qu'un seul produit, à savoir la Mourabaha, alors que ce sont trois produits qui étaient en vente au lancement : Ijara, Musharaka en plus de la Mourabaha. Finalement, les deux premiers n'ont pas eu le succès attendu.
Pourtant, une récente étude du bureau international de consulting en finance islamique (IFAAS) révèle que 94% de la population marocaine sont favorables à la pratique de la finance islamique. Il apparait donc qu'en dépit de l'engouement des “futurs clients”, beaucoup restent encore très méfiants et craignent que ces produits islamiques ne soient en réalité que des produits classiques déguisés. L'exemple de la Mourabaha explique un peu cette crainte. En réalité, il s'agit d'un contrat de vente dans lequel la banque achète un bien immobilier à un prix donné et son client la rembourse progressivement à un prix supérieur. Cela ressemble donc fortement au principe des intérêts, mais les établissements qui proposent aujourd'hui ce genre de financements s'en défendent. Ils expliquent que ce n'est pas un taux d'intérêt mais le prix du bien augmenté de sa plus-value acquise pendant le temps du remboursement.