C’est le genre de dossier qui a valeur de document. Sous le titre ironique des "100 entreprises aimées par l’Etat", l’hebdomadaire arabophone Alaan livre un classement inédit sur les 100 sociétés marocaines qui paient le plus d’impôts et de charges sociales au Maroc. La crédibilité des données est indiscutable: le classement est réalisé en partenariat avec Inforisk, dont l’expertise et la réputation en matière de traitement d’informations financières n’est plus à faire. Seul petit bémol: l’actualisation, puisque seules les données à fin 2012 sont disponibles pour l’heure. Mais cela n’enlève rien à la richesse des conclusions et la pertinence de l’analyse de ce classement pointu, jamais encore établi au Maroc.
Merci le secteur public
Sans grande surprise, c’est l’OCP qui occupe la tête du classement. L’Office contribue en charges fiscales et sociales à hauteur de 4,7 milliards de DH, soit 20% des 23,7 milliards de DH que totalisent la centaine d’entreprises du classement. Rien qu’en matière d’Impôt sur les sociétés (IS), les sociétés du palmarès Alaan-Inforisk contribuent à hauteur de 14,5 milliards de DH. C’est un bon tiers des recettes globales de l’IS collectées par la trésorerie générale du royaume en 2012. Et ça en dit long sur une certaine injustice fiscale quand on sait que pas moins de 160.000 entreprises sont assujetties à cet impôt. Pour rester dans ce registre de l’IS, l’analyse livrée par les spécialistes cités par nos confrères d’Alaan lève le voile sur une vérité: les six entreprises où l’Etat est actionnaire et qui figurent dans ce "classement des 100" paient dans les 6 milliards de dirhams d’IS. Et ces entreprises s’appellent OCP, Ittissalat, RAM, SNRT, BCP et Soread.
Autre enseignement à tirer de cette étude: la forte contribution du secteur bancaire, qui représente 31% en matière d’IS du montant global payé par l’ensemble des sociétés du classement. Mais si les établissements bancaires (6 figurent au top 10) sont de gros contribuables, c’est parce qu’ils sont les plus rentables. A ce sujet Amine Douiri, responsable des études à Inforisk, donne un éclaircissement: "Par rapport au chiffre d’affaires, les charges fiscales pèsent 7% en moyenne. Mais dans le secteur bancaire, ce ratio passe à 13%".
Le classement établi par Alaan et Inforisk donne aussi des indications sur les chiffres d’affaires et, mieux encore, sur les charges sociales payées par ces 100 entreprises. Il constitue un bon gisement de data financiers que les spécialistes gagneraient à exploiter de manière intelligible. Mais, surtout, cet exercice mérite d'être réactualisé à chaque année fiscale.
