Le CCSRS a analysé hier, jeudi 14 juillet 2022, l’évolution de la situation du système financier au Maroc, au regard des tendances économiques et financières. Constatation: le secteur bancaire demeure solide et résilient sur le plan de la rentabilité, de la liquidité et de la solvabilité, ont expliqué les membres de ce Conseil.
Après une contraction observée en 2020, le résultat net cumulé des banques a connu, au titre de l’exercice 2021, un rebond de 76,4%. L’exercice de macro-stress test de solvabilité réalisé par Bank Al-Maghrib en juin 2022 vient ainsi démontrer la résilience du secteur bancaire, devant des scénarios simulant la dégradation des conditions macroéconomiques, indique un communiqué du CCSRS.
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Concernant le secteur des assurances, ses indicateurs clés font état, dans l’ensemble, d’un retour à la situation d’avant-crise. Ainsi, ce secteur a pu reprendre une bonne dynamique pour atteindre un niveau de croissance de son chiffre d’affaires de 9,9% en 2021, contre 1% un an auparavant.
Le résultat financier a rebondi de 64,7% profitant de la bonne performance du marché boursier, tandis que la marge d’exploitation s’est repliée en raison notamment de l’augmentation de la sinistralité qui a retrouvé son niveau d’avant-crise. Le secteur a ainsi vu son résultat net progresser de 35% et son taux de rendement des fonds propres (ROE) se hisser à 9,5%.
Sur le plan prudentiel, le secteur continue de dégager une marge de solvabilité confortable par rapport au minimum réglementaire. Cette marge, qui ne couvre à ce jour que le risque de souscription, pourrait être amenée à baisser avec l’entrée en vigueur du cadre prudentiel de la Solvabilité Basée sur les Risques (SBR). Par ailleurs, les exercices de stress tests réalisés font ressortir une bonne résilience des entreprises d’assurances aux chocs sur le portefeuille actions et immobilier et aux conditions macroéconomiques et techniques défavorables.
Une croissance de 4% en 2023En ce qui concerne l’évolution de la croissance nationale, les membres de ce conseil ont indiqué qu’en dépit du fort rebond de l’activité économique en 2021, les vulnérabilités liées aux conséquences de la crise en Ukraine, la montée des pressions inflationnistes et les mauvaises conditions de la campagne agricole, ne manqueraient pas de peser sur les perspectives économiques.
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Dans ce contexte défavorable, et selon les projections de Bank Al-Maghrib, la croissance de l’économie nationale devrait ralentir à 1% en 2022, avant de s’accélérer, se portant, selon leurs estimations, à 4% en 2023.
Sur le plan des comptes extérieurs, le déficit du compte courant augmenterait à 4,9% du PIB en 2022, avant de revenir à 3,8% en 2023, tandis que les avoirs officiels de réserve permettraient, en intégrant notamment les prévisions du financement extérieur du Trésor, une couverture autour de six mois d’importations de biens et services.
Concernant les finances publiques, le déficit budgétaire devrait se creuser à 6,3% du PIB en 2022, avant de s’atténuer à 5,6% en 2023, alors que l’endettement du Trésor se situerait à 70,1% du PIB en 2022, puis à 70,7% en 2023.
Dans cette conjoncture difficile, le crédit bancaire destiné au secteur non-financier a progressé à un rythme modéré. La hausse des créances en souffrance a poursuivi son atténuation au cours des quatre premiers mois de l’année 2022 et le taux de sinistralité s’est stabilisé à fin avril 2022 à 11,2%, au titre des crédits aux entreprises non financières, et à 9,8% au titre des crédits aux ménages. Il en résulte un taux des créances en souffrance du secteur bancaire de 8,7%. Le taux de couverture de ces créances par les provisions s’est quant à lui maintenu autour de 68%.
Concernant les régimes de retraite, l’intégration des enseignants contractuels des AREF (pour Académies Régionales d'Education et de Formation) au régime des pensions civiles géré par la Caisse Marocaine des Retraites, devrait atténuer, sur le long terme, les déficits accumulés. Toutefois, du fait de l’horizon de viabilité très réduit de ce régime, l’intégration de ces enseignants n’aura pas d’impact significatif sur sa pérennité à court terme.
La réforme paramétrique qu’a connue le régime général du RCAR a permis l’amélioration de ses horizons de viabilité, sans permettre d’asseoir une tarification équilibrée des droits futurs. Le rétrécissement des marges de manœuvre d’une année à l’autre nécessite donc l’accélération de la mise en place de la réforme systémique des régimes de retraite.