Les dessous de la sortie de Société Générale du Maroc et d’Afrique

Moulay Hafid Elalamy va acquérir 57% du capital de Société générale Maroc, pour près d'un milliard de dirhams.

Revue de presseDans les tuyaux depuis des mois, le désinvestissement de la banque française du Maroc et de toute l’Afrique se précipite, signe d’un recentrage du monde bancaire occidental sur son pré carré. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 13/03/2024 à 22h19

La 17e banque mondiale accélère son départ du continent africain. Le retrait plus que probable du groupe Société Générale du Maroc en est la preuve. Les raisons sont profondes, indique le magazine qui revient en détail sur une affaire qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Jeune Afrique

Secoués par la crise de 2008, les établissements financiers occidentaux se montrent de plus en plus prudents, préfèrent se recentrer sur leur pré carré. Les acteurs africains, privés comme étatiques, en profitent pour modeler le nouveau visage du secteur.  Et la «SocGen» ne fait que suivre un mouvement entamé depuis un certain temps.

«Depuis 2022 et la vente de 7,4 % du capital qui lui restait dans le sud-africain Absa, la banque britannique Barclays n’a plus aucune participation en Afrique. La même année, son concurrent direct Standard Chartered a quitté cinq pays (Angola, Cameroun, Gambie, Sierra Leone et Zimbabwe). La banque dirigée par Bryan Sanderson s’apprête également à quitter la Côte d’Ivoire. Du côté de l’Hexagone, BNP, le groupe BPCE et Crédit agricole se sont aussi massivement désinvestis de leurs zones historiques, l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb», rappelle Jeune Afrique.

Deux raisons principales sont avancées pour expliquer ces retraits: des performances économiques qui ne sont pas à la hauteur et des phénomènes comme la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine qui ont catalysé les difficultés et accéléré les départs.

Présente dans 17 pays et plaçant trois banques (Maroc, Côte d’Ivoire et Tunisie) dans les 100 premiers établissements financiers, Société Générale reste un acteur de premier plan en Afrique qui représente 8 % de l’activité de la sixième banque d’Europe. En Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Sénégal, en Guinée, la banque française s’inscrit directement dans le trio de tête. «Mais sortie de l’Afrique de l’Ouest, Société Générale a peiné à s’implanter. Au Maroc, qui est pourtant sa filiale la plus importante, elle n’est que la quatrième banque du pays. Sept ans après s’être implantée au Mozambique, Société Générale se désengage. Surtout, le géant français n’a jamais réussi à percer sur les principaux marchés que sont l’Afrique du Sud, le Nigeria ou encore l’Égypte», écrit le magazine.

Société générale traverse également une crise interne. En 2023, ses résultats nets devraient baisser de 26,1% par rapport à 2022. Le plan stratégique du nouveau dirigeant Slawomir Krupa, jugé conservateur et opaque par les analystes, et la fusion avec Crédit du Nord n’ont pas convaincu. Le titre boursier a perdu près de 10 % depuis six mois.

Depuis juin 2023, Société générale a officiellement annoncé son retrait de six pays: Burkina Faso, Mozambique, Congo, Guinée équatoriale, Tchad et Mauritanie. En Tunisie, où elle détient 52 % de l’UIB, elle est en «réflexion stratégique».

Pour l’heure, seuls deux dossiers sont définitivement bouclés: le gabonais BGFI Bank a récupéré Société générale Congo et Coris bank, du Burkinabè Idrissa Nassa, a mis la main sur la filiale du Tchad. Jusqu’ici, les experts penchaient plutôt pour la vente de succursales les moins rentables comme au Togo ou au Bénin, mais depuis l’annonce officieuse le 7 mars dernier du rachat de Société générale marocaine de banques (SGMB) par l’ancien ministre Moulay Hafid Elalamy, tout semble possible aujourd’hui.

Par Nabil Ouzzane
Le 13/03/2024 à 22h19