La profession prend la situation très au sérieux, nous apprend L’Economiste dans sa publication de ce mercredi 15 juillet. Il faut dire qu’en se basant sur les données de l’Office des Changes et de la Douane entre 2010 et 2014, on prend bien la mesure de la situation que vivent les professionnels. En effet, ces importations ont été multipliées par 5 sur cette période. Pour le premier semestre 2015, elles ont augmenté de 80% par rapport à la même période l’année dernière. Selon Mohsine Lazrak, président de l’association professionnelle des industries céramiques, les produits importés se vendent actuellement à 34 DH le m2 contre 50 DH HT pour la production locale. Une situation qui a donc logiquement engendré d’importantes méventes dans le secteur. Selon le journal, les opérateurs locaux s’insurgent notamment contre les importations massives en provenance de l’Espagne, où le carrelage se négocie actuellement à 1 euro contre 6 à 7 euros avant la crise de l’immobilier.
Les professionnels soupçonnent également une triche sur les déclarations à l’import. «Le poids de ces produits est déclaré à 9kg/m2 contre 15 à 17kg/m2 chez les producteurs locaux. Et le plus étonnant, c’est que certaines importations de Chine sont déclarées à 1kg/m2», fait remarquer Mohsine Lazrak. L’Economiste précise que la situation est telle que trois sociétés ont déjà fermé trois unités de production. Soulignons que l’association a alerté l’administration des douanes et des impôts indirects, qui serait en train de mener sa propre enquête pour déterminer s’il y a effectivement minoration du poids. Les résultats de cette enquête devraient bientôt être connus. Toujours dans la même démarche, l’association compte introduire, auprès du ministère de l’Industrie et du Commerce, une requête antidumping. Mais la production locale souffrirait-elle d’un manque de compétitivité par rapport aux importations? S’interroge L’Economiste.
«Le produit marocain est conforme aux normes définies ISO 9002 et à celles du Maroc qui sont encore plus dures», avance le président de l’association, reconnaissant toutefois que les industriels ne peuvent pas couvrir toutes les niches, principalement dans le haut standing pour lequel le marché local ne justifierait pas une telle production. Ce qui explique l’intérêt de l’import. Cependant, outre le dumping, le marché local de l’industrie céramique et du sanitaire fait aussi état d’une distorsion entre opérateurs, souligne le quotidien. En effet, pour s’être installé dans la région du Gharb, un opérateur s’approvisionne en gaz naturel à un prix estimé entre 2000 et 3000 DH, alors que les autres industriels doivent acheter le gaz de pétrole liquéfié à 12.000 DH. Ce qui crée donc une situation de concurrence déloyale entre les opérateurs. Ces derniers demandent au gouvernement de pouvoir également accéder au gaz naturel dans les mêmes conditions. Mais le ministère de l’Energie n’a pas encore donné suite à leurs doléances. Et les industriels menacent de fermer leurs unités de production pendant au moins une semaine, en guise de protestation.