Les pétrodollars se font rares

Les pétrodollars de nos généreux amis du Golfe risquent de nous faire défaut...

Les pétrodollars de nos généreux amis du Golfe risquent de nous faire défaut... . DR

Revue de presseKiosque360. La dégringolade des cours des produits pétroliers risque de se faire sentir sur les caisses du royaume. Obligés de se serrer la ceinture et d’effectuer des coupes budgétaires, les pays du Golfe pourraient revoir leurs aides au Maroc.

Le 24/12/2014 à 23h00

A quelque chose malheur est bon, diront certains économistes. La chute des cours des produits pétroliers, au cours des six derniers mois, devrait alléger le déficit commercial, soulager la Caisse de compensation et permettre de garder des devises au sein des coffres du royaume. Seulement, une question se pose : «Est-ce que la chute des prix du pétrole va emporter les fonds d’appui du Golfe accordés au Maroc ?». Et ce, d’autant plus que les prix ont été divisés par deux au cours de cette période.

Logique de crise

Cette interrogation a été posée par le quotidien Al Massae dans son édition du 25 décembre. Selon le quotidien, les pays du Golfe pourraient être amenés pour la première fois de leur histoire à lever des impôts ! Conséquence de la diminution draconienne de la manne pétrolière, en raison notamment de la guerre en Irak et en Syrie, les pays pétroliers pourraient compresser leurs dépenses, y compris les aides accordées aux pays alliés. Le journal estime que des jours pénibles attendent les pays du Golfe. Ces derniers auraient gagné à diversifier leurs économies au cours de la dernière décennie en mettant à profit la manne pétrolière.

Des aides entre parenthèses?

Al Massae met en relief le fait que même les fonds promis par certains pays du Golfe pour soutenir le développement du Maroc pourraient être annulés. Sur 5 milliards de dollars promis, le Maroc n’en a reçu que 1,5 milliard.

D’un autre côté, les études internationales corroborent la tendance à la compression des dépenses. La Banque mondiale a indiqué que les pays du Golfe ont besoin de stabiliser les cours à 100 dollars le baril pour éviter des déficits budgétaires récurrents. L’agence Standard & Poor’s prévoit que ce fléchissement des cours aura de graves incidences surtout pour le Bahreïn et le Sultanat d’Oman. Cela dit, l’appui financier des pays du Golfe a permis au Maroc depuis les années 1980 avec le fameux Plan d’ajustement structurel de disposer de liquidités quand le manque de cash se faisait sentir, de rembourser ses dettes et de disposer de fonds pour financer ses projets de développement grâce aux fonds souverains.

Une relation à l’épreuve de la conjoncture

Selon la revue Foreign Policy, le recul des prix poussera plusieurs pays à réduire sensiblement leurs aides aux partenaires stratégiques. Toutefois, ce son de cloche n’a pas l’assentiment de l’économiste marocain Abdeslam Adib qui estime que la nature de la relation entre le Maroc et plusieurs pays du Golfe dans le domaine militaire et politique fera en sorte que leur appui ne faiblira pas. Le cas des Emirats Arabes Unis qui ont fortement investi dans le Royaume via de grands conglomérats est éloquent à cet égard. Ces derniers bénéficient depuis quelque temps de l’appui militaire du Maroc dans sa guerre contre Daesh.Malgré la chute des cours et la diminution des recettes, les pays pétroliers, au moment où Daash menace leur stabilité, ne peuvent tourner le dos au Maroc qui a toujours répondu présent quand le besoin s’en faisait sentir.

Par Amine Haddadi
Le 24/12/2014 à 23h00