Le Maroc est un des piliers en matière de transformation digitale en Afrique. C’est ce qu’a déclaré le directeur général de la Société financière internationale (SFI), Makhtar Diop, dans un entretien avec Le360, à l’issue de la conférence «Construire les bases d’un avenir numérique inclusif», organisée le mardi 10 octobre, dans le cadre des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à Marrakech. «Le Maroc est un pays phare dans la région en matière de développement digital. C’est pourquoi nous travaillons avec des entreprises marocaines dans ce domaine et essayons également de les aider à investir sur le reste du continent», a-t-il affirmé.
D’après le patron de l’organe du groupe de la Banque mondiale spécialisé dans le financement du secteur privé, le Royaume est une porte d’entrée sur l’Afrique, raison pour laquelle la SFI souhaite profiter «de sa position géographique et de la qualité de son secteur financier pour pouvoir développer plus de fintechs et les technologies nécessaires au développement du continent».
M. Diop a également abordé les défis à relever pour stimuler la transformation digitale en Afrique, dans un monde hyperconnecté.
Réduire la fracture numérique
L’un des plus grands chantiers est la réduction de la fracture numérique. «Nous travaillons à combler ce fossé. Il y a quelques années, nous avons investi près d’un milliard de dollars de ressources dans la fibre optique et dans les tours de télécommunication sur le continent, en collaboration avec une entreprise du secteur», a souligné notre interlocuteur, évoquant un investissement consacré principalement aux «économies fragiles» et qui a permis de «réduire les écarts entre les pays africains».
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L’autre grand challenge concerne le renforcement de la cybersécurité, dont «nous ne parlons pas beaucoup» et «qui pourrait être un obstacle à la croissance des entreprises en Afrique». A ce propos, Makhtar Diop a raconté une anecdote: «Je me souviens d’un jour où je travaillais avec mes collègues sur ce sujet, j’étais dans la Silicon Valley, chez l’entreprise Cisco. Ils ont un grand écran qui montre les pays qui subissent le plus grand nombre de cyberattaques, et c’était le Zimbabwe qui arrivait en tête.»
La raison est simple: «Quelqu’un a piraté une adresse IP du Zimbabwe, et de là, il a attaqué tout le système du pays. Nous ne devrions donc pas négliger la cybersécurité, car le nombre d’utilisateurs est de plus en plus élevé dans la plupart des pays en développement.»
Alléger les procédures et ouvrir le marché aux entreprises innovantes
Quand on parle de digitalisation, on pense évidemment aux nombreuses startups technologiques actives dans les différentes régions du continent. Sauf que ces jeunes entreprises, qui proposent des innovations pour résoudre des problématiques urgentes, sont souvent freinées par des lourdeurs administratives liées aux réglementations.
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«Il faut que les régulateurs allègent les procédures et acceptent d’ouvrir le marché à ces entreprises innovantes. La SFI a investi dans des startups qui, à travers leurs innovations, permettent une réduction des coûts pour les consommateurs dans plusieurs services», a appelé Makhtar Diop. De plus, outre leurs innovations, ces startups sont également de grands pourvoyeurs d’emplois. «Dans mon pays, le Sénégal, l’économie numérique est un des plus grands créateurs d’emplois pour les jeunes.»
Un rapport sur l’économie numérique en Afrique
La SFI compte accompagner les pays africains pour réussir cette transformation digitale. «Nous prévoyons de lancer un rapport important sur l’économie numérique en Afrique qui devrait être publié en janvier. Ce rapport abordera les dimensions politiques et d’autres aspects relatifs au développement du digital sur le continent», a révélé Makhtar Diop.
Et de préciser, pour conclure, que la SFI consacre actuellement une grande partie de ses investissements à l’écologisation des centres de données en Afrique, afin d’encourager la croissance verte.