Mécanisme d’ajustement carbone de l’UE: les ripostes possibles du Maroc, selon le CESE

Abdelkader Amara, président du Conseil Economique, Social et Environnemental, à Rabat le 24 septembre 2025 (Y.Mannan/Le360).

Le 24/09/2025 à 17h04

VidéoLe Maroc doit-il craindre pour ses exportations vers l’UE après l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2026, du Mécanisme européen d’ajustement carbone (MACF)? Le Conseil économique, social et environnemental a émis son avis sur l’impact de cet instrument de tarification des produits introduits sur le territoire européen.

Le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), nouvel instrument réglementaire de l’Union européenne, vise à aligner le coût carbone des produits importés sur celui supporté par les industriels européens. Concrètement, les exportateurs vers l’UE devront s’acquitter d’un prix équivalent aux quotas carbone européens, afin d’éviter tout «dumping environnemental».

À Rabat, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Abdelkader Amara, a relativisé, lors d’une conférence de presse tenue mercredi, l’impact immédiat de ce mécanisme sur l’économie marocaine. «À court terme, l’effet du MACF reste relativement limité», a-t-il déclaré. En l’état, seuls 3,7% des exportations marocaines vers l’UE sont concernées, dont 2,9% issues du secteur des engrais.

Cependant, le CESE avertit: une extension du champ d’application du mécanisme à d’autres produits pourrait fragiliser la compétitivité de filières stratégiques telles que l’automobile, l’agriculture, l’aéronautique ou encore le tourisme, fortement intégrées aux chaînes de valeur européennes.

Pour Abdelkader Amara, ces défis doivent être saisis comme des opportunités pour accélérer la transition vers une économie bas carbone. Le CESE recommande notamment la mise en place d’un mécanisme national d’accompagnement du MACF, réunissant l’ensemble des institutions concernées, ainsi que la création d’un fonds spécial de soutien aux PME exportatrices. L’objectif: financer leurs investissements dans la décarbonation, moderniser leurs procédés industriels et réduire leur bilan carbone.

Mais le levier financier ne suffit pas. Le Conseil insiste également sur la formation de compétences spécialisées dans le calcul et la certification des bilans carbone, à travers les universités, les centres de formation professionnelle et la formation continue.

Miser sur les énergies renouvelables

Enfin, l’accélération du recours aux énergies renouvelables à l’échelle nationale, et l’accès de toutes les entreprises à une électricité verte compétitive, notamment en moyenne tension, figurent parmi les priorités mises en avant par le CESE. De telles mesures contribueraient à réduire l’empreinte carbone globale de l’industrie marocaine et à consolider sa position sur le marché européen.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 24/09/2025 à 17h04