MRE: 8% du PIB au Maroc et ce n’est pas fini

En 2023, près de 12 milliards de dollars de transferts de fonds ont été envoyés au Maroc par les Marocains résidant à l'étranger.

Revue de presseDébut 2000, ils étaient moins de deux millions de Marocains à avoir décidé de vivre en dehors des frontières du Royaume. Vingt-cinq ans plus tard, ils sont désormais trois fois plus nombreux: 5,1 millions de MRE sont enregistrés auprès des registres consulaires. Leurs transferts d’argent ont, eux, augmenté de 444%. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 08/12/2024 à 20h26

Près de 12 milliards de dollars de transferts de fonds ont été envoyés au Maroc par les membres de la diaspora en 2023. C’est l’équivalent de 8% du PIB national, remarque le magazine Jeune Afrique dans une analyse dédiée. «Des sommes qui, bien qu’en constante augmentation, pourraient être mieux investies. A peine 10% du total de l’argent envoyé par les MRE chaque année seraient investis de manière productive dans l’économie, tandis que 20% alimentent des comptes épargne, donnant au passage des marges de manœuvre financières aux banques, qui participent au financement des investissements», lit-on. Ces fonds constituent par ailleurs 20% des ressources bancaires du Royaume.

Mais le reste est utilisé pour des dépenses quotidiennes familiales qui, si elles permettent d’alimenter la croissance, ont un effet ténu sur les investissements structurants.

Début 2000, ils étaient moins de deux millions de Marocains à avoir décidé de vivre en dehors des frontières du Royaume, écrit Jeune Afrique. Vingt-cinq ans plus tard, ils sont désormais trois fois plus nombreux: 5,1 millions de MRE sont enregistrés auprès des registres consulaires. Le ministère marocain des Affaires étrangères estime qu’en y ajoutant les non enregistrés, ce nombre pourrait atteindre 6,5 millions de personnes. Une population jeune et active: sur le total des MRE recensés, plus de la moitié est âgée de 15 à 40 ans.

«Cette croissance démographique s’est mécaniquement accompagnée d’une hausse des transferts de fonds de la diaspora vers les familles restées au Maroc. Mais la démographie n’explique pas tout. Les transferts de fonds en provenance des Marocains de la diaspora ont augmenté de pas moins de 444% depuis 2000, presque deux fois plus rapidement que le nombre de MRE», lit-on encore.

Cela peut s’expliquer par le fait que le montant des transferts augmente avec l’âge et le temps passé à l’étranger. La multiplication des agences et des solutions de transferts d’argent par delà les frontières a également pesé. La croissance des sociétés Western Union, MoneyGram, Wafa Cash, a permis de faciliter les envois, notamment pour celles et ceux qui n’avaient pas de compte bancaire. Selon une étude du Haut-Commissariat marocain au plan, parue fin 2022, les deux tiers (66,9%) des envois des émigrés marocains ont été effectués via ces agences de transfert, contre seulement 18,2% via des banques classiques.

Plus de huit MRE sur dix envoient chaque année un montant moyen supérieur à 4.777 dollars, soit plus de 400 dollars par mois. «En toute logique, les principaux pays d’où partent le plus de transferts, en valeur, sont ceux qui accueillent les communautés de MRE les plus importantes. C’est vrai pour les trois premiers: la France, l’Espagne et l’Italie. Mais cette mécanique ne se révèle pas forcément juste pour l’ensemble des pays. L’Arabie saoudite, par exemple, se hisse au quatrième rang des pays émetteurs de transferts alors qu’elle est en neuvième place en termes de population de MRE, avec environ 50.000 marocains en 2023», écrit Jeune Afrique.

La diaspora est aussi un vecteur important de développement du secteur touristique. Entre juin et septembre 2024, plus de 3,76 millions de MRE sont venus passer un séjour au pays.

Au-delà de l’aspect purement économique, ces Marocains de la diaspora jouent également un rôle social clé en améliorant les conditions de vie de leurs familles, mais aussi culturel et diplomatique en se faisant, pour beaucoup, les ambassadeurs de la culture et de l’identité marocaine. Y compris en prenant fortement position sur les sujets considérés comme des grandes causes nationales, aux premiers rangs desquelles la marocanité du Sahara.

Par Walid Ayadi
Le 08/12/2024 à 20h26