MRE: ces obstacles majeurs qui restent à lever

Lors de l'Opération Marhaba 2023.

Revue de presseLes Marocains résidant à l’étranger représentent une force stratégique incontournable pour le Maroc, contribuant financièrement, politiquement et culturellement à la vie du pays. Cependant, un potentiel d’investissement massif reste inexploité, en grande partie à cause de procédures administratives obsolètes et d’offres bancaires limitées. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 03/03/2025 à 22h04

Qu’il s’agisse de soutien financier, d’engagement politique ou de rayonnement culturel, les MRE ne se contentent pas d’être spectateurs de la vie de leur pays. Ils sont, sans conteste, une force vive prête à se mobiliser pour le Maroc, qu’ils soient de la première, troisième ou même quatrième génération. Leur influence est indéniable, et elle ne cesse de croître. Un soutien sans faille lors de la pandémie de Covid-19 ou lors du séisme d’Al-Haouz en 2023 l’a clairement démontré, relève le magazine Jeune Afrique.

À l’heure où le Royaume se transforme sous l’impulsion du roi Mohammed VI, le Maroc souhaite dynamiser cette relation unique avec sa diaspora. Deux discours récents du Souverain en témoignent: l’un en novembre 2023, lors du 49e anniversaire de la Marche verte, et l’autre en août 2022, où il a réaffirmé l’importance de réformer les institutions qui gèrent cette diaspora. Pour Mohammed VI, les MRE ne sont pas juste des expatriés: ils sont les ambassadeurs du Maroc à l’échelle mondiale. Un réseau immense qu’il faut structurer, valoriser et mobiliser à grande échelle.

Citée par Jeune Afrique, Nezha Chekrouni, ex-ministre des MRE, est claire: «ce n’est pas suffisant de les appeler quand bon nous semble. L’État doit structurer leur action et créer un véritable partenariat, avec des objectifs clairs». Les MRE ne sont plus ces simples travailleurs qui envoient des fonds. Aujourd’hui, ils sont diplômés, il y a de plus en plus de femmes, et ils occupent des positions influentes dans des secteurs comme la science, la culture ou l’entrepreneuriat. Prenez Moncef Slaoui, ancien coordinateur de la stratégie vaccinale américaine, ou Leïla Slimani, Prix Goncourt 2016. Ce n’est plus un hasard: la diaspora marocaine est une pépinière de talents, et elle veut jouer un rôle de premier plan dans la transformation du Maroc.

En face, l’État marocain ne cherche plus à tout contrôler, mais à accompagner ses citoyens à l’étranger. Le Roi, dans son discours de novembre 2023, a annoncé une réforme ambitieuse pour donner plus de poids à cette relation. Le CCME sera désormais renforcé par une loi qui fera de lui un véritable think tank, un réservoir d’idées pour le pays. Une nouvelle fondation royale prendra également le relais de la Fondation Hassan II, avec pour mission de coordonner les politiques publiques en direction des MRE.

Le Maroc sait qu’il peut compter sur ses 6 millions de MRE, un chiffre sous-estimé, sans doute, vu le nombre de ceux qui ne se déclarent pas. Mais au-delà de l’aspect financier, ces hommes et ces femmes sont des atouts stratégiques. Également citée par Jeune Afrique, Neila Tazi, présidente de la commission des Affaires étrangères, le souligne: «Ces gens brillent dans tous les domaines: de la science à la culture, du sport à l’entrepreneuriat. Ils sont des leviers essentiels pour le Maroc».

Pourtant, une question s’impose: pourquoi, avec des transferts d’argent records de 117,7 milliards de dirhams en 2024, seulement 2,9% des MRE investissent dans des projets productifs au Maroc? Certes, ces fonds soutiennent les proches, mais ils révèlent aussi un immobilisme économique flagrant. Mohamed Abdi, expert en politiques publiques, ne cache pas sa déception: «l’État et les banques n’ont pas su capter l’immense potentiel d’investissement des MRE. Les solutions proposées sont figées, stéréotypées, centrées uniquement sur l’immobilier». Il prône des produits financiers diversifiés, en particulier dans les nouvelles technologies, pour attirer cette génération de MRE, connectée et en quête de nouveaux défis.

Par Lamia Elouali
Le 03/03/2025 à 22h04

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