Préfacé par l’ancien ministre des Finances, Mohamed Berrada, l’ouvrage de Tarik El Malki, intitulé «Le Maroc: quelles voies d’émergence» s’attèle à défendre la dimension économique du modèle de développement. L’objectif est de présenter les contours du nouveau modèle de croissance que l’auteur appelle de ses vœux, sur la base d’une évaluation objective et sans concession du modèle actuel qui s’étiole fortement et a atteint ses limites. Cela malgré de réelles avancées à plusieurs niveaux, notamment en termes d’industrialisation du pays, de mise à niveau des infrastructures, d’élévation du niveau de vie et de réduction de la pauvreté.
Cependant, ce modèle n’a pas su poser les jalons d’une économie émergente, forte, diversifiée et compétitive. Pour preuve, la performance de la croissance du Maroc a été caractérisée par de fortes fluctuations. Les taux de croissance du PIB ont été particulièrement volatiles en comparaison avec d’autres pays en voie de développement et, à certains moments, inférieurs à ceux des pays les moins performants du continent.
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Partant de ce constat, l’auteur appelle à la mise en place d’un modèle de croissance qui devra se baser sur une double approche «hybride», englobant à la fois une politique volontariste de l’offre et une politique de stimulation de la demande.
Du côté de l’offre, l’enjeu est de mettre en place des politiques publiques volontaristes de soutien à l’innovation, à la recherche, à l’entrepreneuriat innovant à travers une fiscalité incitative, juste et équitable, des politiques sectorielles à fort impact; et de mettre en place des instruments de financement dédiés et un environnement des affaires particulièrement sain, sûr, transparent et attractif pour l’investissement privé, national et étranger.
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Selon l’auteur, ce modèle de croissance devra s’articuler autour de 4 axes fondamentaux et complémentaires. Tout d’abord, des politiques budgétaire et monétaire audacieuses et volontaristes doivent être mises en place, à travers notamment un investissement public massif dans les infrastructures de base et avancée. L’utilisation d’instruments de financement novateurs est également préconisée.
Le second axe concerne les politiques sectorielles. L’auteur préconise de continuer à développer de nouveaux gisements de croissance, parallèlement aux secteurs classiques (industrie, agriculture), tels que l’économie numérique, les énergies renouvelables, etc. L’objectif est de permettre une meilleure intégration des PME dans les chaines de valeur mondiales (CVM) et des gains en termes de valeur ajoutée produite localement. Cela doit se faire à travers notamment une meilleure coordination des politiques sectorielles. Dans ce sens, l’auteur recommande la mise en place d’une agence publique de coordination et de planification.
Le 3ème axe de cette stratégie est le développement d’un environnement des affaires qui soit compétitif, sain, transparent et sûr. A ce titre, de nombreux aspects sont abordés dont notamment le volet du financement, de la promotion et soutien aux PME, la promotion de l’investissement, la lutte contre la corruption etc.
Enfin, le 4ème axe est relatif au développement de l’entrepreneuriat innovant et la lutte contre l’économie informelle, gage du développement d’un tissu de TPE performantes, dynamiques et innovantes.
L’effet combiné de ces politiques, selon les estimations effectuées, pourra avoir un fort impact sur l’évolution du rythme de croissance (6-7%), sur le rythme de création de l’emploi et la baisse concomitante du chômage (des jeunes en particuliers), le volume des exportations et la consommation des ménages.