L’affaire de la «franchise carburant», révélée par Le360, n’en est peut-être qu’à ses débuts. L’intensification ces dernières semaines des verbalisations à l’encontre des routiers qui dépassent la limite de 200 litres de gasoil «marocain» dans le réservoir, continue de provoquer des remous.
Le 19 octobre dernier, dans une lettre adressée aux ministres en charge du Commerce et du Transport, l’Association marocaine des exportateurs (Asmex) a demandé au gouvernement d’intervenir auprès des autorités espagnoles afin de suspendre cette mesure qui, se défend-elle, risque de fragiliser les exportations marocaines.
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Un nouveau rebondissement vient d’avoir lieu en cette fin de semaine. «A partir du mardi 27 octobre 2020, les semi-remorques isolées en charge, originaires d’Espagne, seront soumises au contrôle exigé par le ministère de l’Equipement et du transport sur la base des contrats de coopération. L’entrée en territoire marocain sera interdite à toute société ne disposant pas de contrat de coopération avec une société marocaine. Le contrôle sera basé sur les cartes grises et les copies de contrats», peut-on lire dans une note d’information diffusée par l’autorité portuaire de Tanger Med, point de transit incontournable pour les routiers marocains et espagnols.
Un pas de plus vers la réciprocité
«Le Maroc a toujours fermé les yeux en autorisant les semi-remorques espagnoles à circuler avec une simple copie de carte grise, alors que pour ce même type de véhicules sans moteur, les Marocains sont obligés de présenter une carte grise originale», explique ce professionnel du transport routier international.
La nouvelle mesure concerne uniquement les semi-remorques espagnoles autorisées à entrer au Maroc dans le cadre d’un contrat de coopération validé par les autorités des deux pays. En effet, l’accord signé en 2012 entre le Maroc et l’Espagne, relatif au Transport international routier, offre la possibilité aux opérateurs espagnols liés par un contrat de coopération avec un tractionnaire marocain, de garantir l’entrée des semi-remorques sur le territoire marocain sans produire un document «MA», ce qui les exonère de puiser dans le contingent des autorisations bilatérales négociées chaque année entre les deux pays.
Sur ce point précisément, la Fédération du transport et de la logistique, affiliée à la CGEM, appelle à une révision de l’accord bilatéral avec l’Espagne, jugé «trop déséquilibré» à ses yeux. Même si le nombre des autorisations délivrées chaque année aux routiers marocains et espagnols est le même, environ 85.000 en 2020, le deal fait pencher la balance en faveur des Espagnols. Car si un transporteur espagnol a besoin d’une seule autorisation «MA» pour accéder au Maroc, son homologue marocain est contraint de puiser dans le contingent des autorisations espagnoles, en grillant autant de documents «E» chaque fois qu'il passe par l'Espagne, et ce, quelle que soit sa destination finale en Europe. C’est la raison pour laquelle la CGEM, à travers la fédération du transport, sollicite l’appui du gouvernement El Othmani pour négocier un nouvel accord multilatéral avec l’UE.