En dépit d’une succession d’évènements négatifs, dans une période très concentrée (attentats à Paris, attentats d’Aqmi en Afrique du nord, Ebola, annulation de la CAF, etc.), «le Maroc a affiché l’une des meilleures résiliences au niveau de la région», a soutenu Abderrafie Zouiten, Directeur général de l’Office national marocain du tourisme (ONMT).
Ainsi, selon les dernières statistiques, les arrivées de touristes aux frontières du royaume à fin 2015 ont quasiment stagné (-0,2%) à 10,26 millions de touristes dont 5,22 millions de Marocains résident à l’étranger (+7%) et 5,04 millions de touristes (-7%).
Cette résilience s’explique selon Zouiten par la stratégie de diversification des marchés qui a permis de compenser la baisse du marché français en recul de -5% et qui pèse le tiers des touristes étranges.
Promotions et transportPar ailleurs, l’ONMT poursuit sa politique de promotion de la destination Maroc avec l’accueil de plus de 550 journalistes en 2015 ou la production d’émissions télé sur le Maroc. «L’idée et de créer l’image d’un pays de destination de qualité», a insisté Zouiten.
Le volet du tourisme interne est appelé aussi à prendre davantage de place. Les nuitées enregistrées par les nationaux sont passées de 3,47 millions en 2010 à 5,06 millions en 2015 représentant ainsi 32% des nuitées du secteur touristique. «L’objectif est de porter celles-ci à hauteur de 40% à l’horizon 2020». Cette évolution s’expliquant par la hausse du pouvoir d’achat, la mise en place du réseau autoroutier, l’augmentation de l’offre d’hébergement, etc.
4 grands groupes d’émetteursPour 2016, la situation risque d’être plus corsée. «L’amalgame fait après les attentats de Paris n’est pas facile à gérer», même si «le Maroc est un pays qui à sa particularité», fait remarquer le directeur général de l’ONMT.
D’où cette stratégie de rupture visant à accroître le nombre de touristes visitant le Maroc. Celle-ci touche tous les domaines et Zouiten, insiste sur le fait qu’«il faut de la cohérence dans la stratégie touristique».
Ainsi, au niveau de la promotion, l’ONMT a scindé le marché mondial en 4 groupes selon leur importance : Groupe 1 (Royaume-Uni, Allemagne et Scandinavie), Groupe 2 (Russie, pays de l’Est, etc.), Groupe 3 (France, Espagne, Italie, Suisse, Bénélux, etc.) et Groupe 4 (Moyen-Orient, USA, Canada, Brésil, Chine et Afrique). Le Maroc ne capte actuellement que 675.000 touristes du Royaume-Uni sur les 60,08 millions de touristes anglais. Idem sur le marché allemand où le Maroc n’attire que 630.000 touristes sur 48,85 millions de touristes allemands.
5 milliards de recettes supplémentairesReste que toutes les actions entreprises seront vaines si l’aérien ne suit pas. C’est pourquoi, en plus de la RAM, «l’ONMT négocie des partenariat savec les principales compagnies aériennes afin de renforcer les connexions du pays avec le reste du monde». Dans ce cadre, il faut signaler la desserte prochaine par Etihad de l’axe Abu Dhabi-Rabat. Des partenariats sont en train d’être noués avec des transporteurs aériens internationaux pour des vols long courrier.
Seulement, pour attirer certains pays émetteurs intéressés par le balnéaire, le Maroc a besoin d’une véritable station balnéaire à l’instar d’Antalya (Turquie) et ses 300.000 lits sachant qu’Agadir n’offre pas plus de 15.000 lits, se désole Zouiten.
Reste que pour mener à bien cette stratégie de rupture, l’ONMT a besoin d’un budget de 1 milliard de dirhams. Or, il ne dispose qu’un budget limité de 600 MDH pour 2016. Il lui faut 400 MDH de plus pour pouvoir attirer 1,5 millions de touristes additionnels à l’horizon 2018 et 5 milliards de dirhams de recettes supplémentaires. «On a besoin d’un budget de 1 milliard de dirhams pour mettre en avant la marque Maroc et disposer des routes aériennes denses», soutient-il.