Une journée particulière attendait ce vendredi 24 août les deux seules entreprises actives dans le secteur de convoyage de fonds au Maroc,en l’occurrence Brink’s et G4S. Rappelons que presque tous les GAB du pays étaient à court de cash depuis le début du long congé du secteur bancaire, en lien avec les fêtes nationale et religieuse (Révolution du roi et du peuple, Fête de la jeunesse et Aïd Al Adha).
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Depuis les premières heures du matin, bourrés d’argent liquide, les fourgons blindés de ces deux sociétés prestataires sillonnent les agences éparpillées dans les quatre coins du pays. La tâche n’est pas facile puisqu’il faudrait alimenter en une journée presque tout le parc national de GAB, soit un total de 7.000 unités.
Contactés par Le360 vers 15h30, les responsables de Brink’s et de G4S affirment que plus de 80% des guichets concernés ont été servis, toutes enseignes confondues. Ce taux moyen peut éventuellement cacher des disparités d’une banque à une autre, ce qui expliquerait l’absence de fonds remarquée par les clients dans certaines zones, y compris en plein centre-ville de la capitale ou même à Casablanca tout près des sièges sociaux des banques. Ces guichets toujours à sec doivent attendre leur tour dans le circuit tracé pour chaque convoi. La situation devrait se normaliser pour l’ensemble des GAB d’ici la fin de journée, voir samedi pour certains points lointains. Chez Attijariwafa bank par exemple, 90% des guichets sont déjà alimentés, nous confie un responsable joint par téléphone vers 15h00.
Durant les cinq à six jours précédant l’Aïd Al Adha, les banques marocaines ont dû gérer un afflux massif de clients à la recherche de cash à travers le réseau des GAB. Des montants record ont été retirés en un laps de temps très court: 2,15 milliards de dirhams chez la Banque Populaire et 1,7 milliard de dirhams du côté d’Attijariwafa bank. On estime à plus de 6 milliards de dirhams le volume retiré via les GAB de l’ensemble des banques durant la dernière semaine avant l’aïd. Du jamais vu dans l’histoire du secteur bancaire au Maroc.
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La panne de cash que vient de vivre le Maroc suscite un vrai débat sur les réseaux sociaux. Elle soulève nombre d’interrogations quant à la nature de la relation et au rapport de forces entre le client et sa banque, notamment d’un point de vue juridique. Certains avocats membres d'associations actives dans le domaine de protection des consommateurs comptent intenter des procès contre les banques, après avoir fait appel à des huissiers de justice pour constater l’épuisement des fonds dans les GAB. Encore faut-il prouver que tous les guichets d’une banque seraient "hors service". Pendant ce temps, du côté de la Banque centrale, censée intervenir pour apaiser la crise, c’est silence radio et c'est probablement l'effet de l'aïd et des vacances d'été!