Phosphates: une accalmie relative entre OCP et son concurrent Mosaic

Le siège social de l’OCP à Casablanca, désert depuis 2019

Le siège social de l’OCP à Casablanca.

Revue de presseÀ la faveur d’une décision du producteur américain Mosaic, le géant marocain des phosphates entrevoit une détente sur l’imposition de droits de douane à ses exportations. Mais pour combien de temps encore? Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 19/09/2024 à 23h37

Le bras de fer qui oppose OCP à son concurrent américain Mosaic connaît une accalmie. C’est ce qu’indique le magazine Jeune Afrique, rappelant que le géant marocain des phosphates a mis en avant le 16 septembre la décision de son compétiteur aux États-Unis, le groupe Mosaic, de renoncer à une nouvelle évaluation des droits de douane qui visent les exportations marocaines à destination du marché américain.

«L’imposition de ces droits de douane a été obtenue par Mosaic, qui a réalisé 13,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2023 et accuse OCP de concurrence déloyale, à l’issue d’une procédure juridique lancée en juin 2020. Alors que les exportations marocaines vers les États-Unis étaient très peu taxées (moins de 1 %), elles ont été soumises à une forte ponction de 19,97 % à partir de mars 2021», explique le mensuel panafricain.

Depuis, ces droits de douane font l’objet d’une âpre bataille entre les deux géants mondiaux des engrais, à coup de procédures d’appel et de demandes de réexamen. Mosaic, qui veut protéger l’approvisionnement de son marché national, entend maintenir une taxation la plus élevée possible. À l’inverse, le groupe marocain, qui a fait une percée aux États-Unis à partir de 2016, déploie toute son énergie pour réduire et même éliminer les barrières douanières.

«Ces derniers temps, le vent semble tourner en faveur du groupe marocain, qui a réalisé 91,3 milliards de dirhams de chiffre d’affaires en 2023. En novembre 2023, à l’issue de recours devant la Commission américaine du commerce international (ITC) et après un réexamen du dossier par le département du Commerce américain (USDC), les droits de douane sont ainsi passés de 19,97 % à un taux réduit de 2,12 %».

Si ce taux devait être relevé, il ne devrait pas revenir au niveau initial, au grand dam de Mosaic: une demande de réexamen du groupe américain s’est soldée par un taux préliminaire de 14,21 %, qui pourra faire l’objet d’un recours par OCP.  

Ce dernier a par ailleurs obtenu, via des procédures d’appel, un taux encore inférieur, à 7,42 %, bien que lui aussi préliminaire. «C’est dans ce cadre et alors qu’une décision attendue autour du 5 novembre doit déterminer le taux définitif de taxation que le groupe américain, paraissant vouloir temporiser, a indiqué renoncer à un nouvel examen», ajoute Jeune Afrique.

Le différend entre les deux acteurs, tous deux des mastodontes mondiaux des engrais, est loin d’être terminé. Les décisions en appel des procédures engagées sont attendues entre fin 2024 et début 2025 sachant qu’OCP comme Mosaic pourront, en avril 2025, demander une nouvelle révision du taux de taxation et que l’ITC devra réexaminer le dossier en 2026.

Par Nabil Ouzzane
Le 19/09/2024 à 23h37