La crise est profonde et, bien qu'elle ne soit pas finie, les professionnels du tourisme pensent déjà à la reprise. Secteur sinistré par la pandémie du Covid-19, le secteur touristique est à l’agonie. Ainsi, dans sa livraison du jour, L’Economiste s’intéresse aux différents scénarios qui pourraient être mis en œuvre pour relancer le tourisme marocain.
Pour Othmane Chérif Alami, PDG d'Atlas Voyages, même s’il est, certes, trop tôt pour parler de reprise, il n’en demeure pas moins qu’il est l’heure de commencer à étudier les différentes pistes de relance. Fin connaisseur du secteur, il estime que le Maroc doit suivre les tendances de ses marchés clients et les mouvements de frontières. «A titre d’exemple, la France va contrôler les flux entrants au niveau sanitaire jusqu’au mois d’octobre. Alors, la reprise dépendra justement de la capacité aérienne et de l’ouverture des frontières. Ce qui est sûr, c’est que nous ne retrouverons le rythme de 2019 que dans 3 à 5 ans», explique-t-il. Pour lui, le scénario le plus optimiste est une reprise en juillet/août et septembre pour le tourisme des loisirs, avec une estimation de 50% de moins par rapport à 2019. «Le tourisme d’affaires reprendra à partir d’octobre et novembre et Marrakech, dans les deux cas, sera toujours privilégiée. Nous avons déjà des prémisses de confirmation pour ce segment», précise Othmane Chérif Alami.
Le spécialiste souligne aussi qu’entre mars et fin juin 2020, la perte du secteur en nombre de touristes pourrait atteindre 4 à 5 millions de touristes. Et ce sont surtout les PME et TPE du secteur qui subiront la majeure partie des conséquences de cette situation. En ce qui concerne les mesures à prendre, Othmane Chérif Alami estime qu’elles doivent être de quatre ordres. «Dans un premier temps, un budget de soutien à la digitalisation, à la commercialisation et au marketing. En deuxième lieu, une action sur la TPT et la taxe de séjour, et ce du 1er juillet 2020 au 31 décembre 2021. L’idée est de ne verser que 50% de ces taxes à l’office et aux communes afin de mener des actions de co-marketing avec les tour-opérateurs d’une part, et de l’autre renforcer les activités culturelles dans les établissements et les quartiers avec de l’animation de proximité», soutient-il.
Rachid Dahmaz, président du CRT Agadir, estime également qu'il est primordial de commencer à préparer l’après-crise. «La Tunisie et l’Egypte se préparent à l’après-Covid-19 et nous devons en faire autant pour ne pas rater le coche», souligne-t-il. Quant à Hamid Bentahar, président du CRT Marrakeck, il pense qu'il est encore trop tôt pour parler de reprise: «Le plus important aujourd’hui est la santé des Marocains», affirme-t-il.