Lors de chaque mois de ramadan, les marchés de poissons connaissent une grande affluence, cette denrée occupant une place de choix sur les tables d’Iftar des familles marocaines. Mais en cette période de hausse des prix des produits alimentaires, l’on pouvait craindre une inflation encore plus prononcée durant cette parenthèse de forte consommation.
Il n’en sera rien, à en croire les professionnels de la pêche maritime, qui assurent que l’offre en produits de la mer sera aussi abondante que variée, participant à maintenir des prix raisonnables, voire révisés à la baisse. La cause: un simple hasard de calendrier qui, une fois n’est pas coutume, jouera à l’avantage des consommateurs.
«Cette année, le mois de ramadan coïncidera avec la meilleure période pour la pêche. La saison vient à peine de commencer, après des mois marqués par une baisse du mercure et de mauvaises conditions météorologiques, synonymes de moins de sorties des pêcheurs en mer», explique Kamal Sabri, président de la Chambre de pêche maritime de l’Atlantique Nord.
Résultat, «comme l’activité de pêche montera en puissance tout au long de ce mois, il n’y aura pas de manque au niveau de l’approvisionnement, que ce soit en poissons frais ou en poissons congelés à bord», rassure notre interlocuteur.
L’approvisionnement amortira la hausse de la consommation
L’intensification de l’activité de pêche serait donc en mesure d’accompagner la hausse considérable que connaît la consommation de poisson durant le mois sacré. En moyenne, et d’après M. Sabri, celle-ci culminerait à une moyenne avoisinant les 10 kilogrammes par habitant, alors qu’elle ne dépasse pas les 5 à 6 kilogrammes le reste de l’année.
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En toute logique, il est légitime de s’attendre à une stabilité au niveau de prix des produits de la mer, du moins chez les producteurs. Pour autant, prudent, notre interlocuteur ne se hasarde pas à annoncer des prévisions de prix : «Il est quasiment impossible de donner avec précision des fourchettes de prix. Les ventes en gros se font à la criée, au jour le jour. Tout dépendra du volume des débarquements, mais aussi de l’arbitrage des intermédiaires», précise-t-il.
Et de pointer du doigt la gourmandise, sinon la gloutonnerie, des intermédiaires qui font la pluie et le beau temps sur les marchés de poisson. «Tant que les ventes ne sont pas organisées à 100%, le poisson continuera à passer entre les mains d’un certain nombre d’intermédiaires. Naturellement, les prix de vente au débarquement sont moins élevés que ceux affichés au détail, mais l’écart entre les deux est souvent décidé par les intermédiaires», indique-t-il.
La multiplication des intermédiaires
Pire, avec l’augmentation de la demande durant le mois de ramadan, la chaîne des intermédiaires aurait tendance à se rallonger, incluant notamment des acteurs occasionnels. Conséquence : avant d’arriver chez le détaillant puis le consommateur final, chaque cageot de poisson passe d’un négociant à l’autre, chacun ajoutant sa propre marge au prix.
À titre d’exemple, la sardine, l’un des poissons les plus consommés au Maroc, était vendue, ce lundi 6 mars, à environ 3 DH le kilogramme au débarquement. En revanche, sur les marchés, notamment dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima et celle de Rabat-Salé-Kénitra, son prix peut aller jusqu’à 20 dirhams, soit plus de 6 fois son tarif initial.
Reste à espérer que, même si hausse il y a, celle-ci resterait à des niveaux supportables pour le consommateur qui, depuis quelques mois, ne sait plus où donner du portefeuille.
