Fitch solutions, filiale de l’agence de notation new-yorkaise Fitch ratings spécialisée dans l’analyse financière et le risque-pays, en est convaincu: pour juguler l’inflation, Bank Al-Maghrib (BAM) va procéder à une hausse en deux temps de son taux directeur, le portant de 1,5% actuellement à 2% d’ici la fin de l’année 2022.
Une première hausse de 25 points de base pourrait intervenir dès la prochaine réunion du Conseil de la Banque centrale, prévue le 21 juin prochain à Rabat, estime Fitch solutions, dans une note relayée ce lundi 6 avril par Business News Europe.
Le 23 mars dernier, lors de sa dernière réunion, le Conseil de BAM avait maintenu le taux directeur inchangé à 1,5%. Abdellatif Jouahri, Wali de BAM, avait justifié ce statu quo par le fait que l’inflation enregistrée n’est pas structurelle et devrait se dissiper en 2023. Jouahri avait également estimé que la croissance a encore besoin d’être soutenue par une politique monétaire accommodante.
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Toutefois, les experts de Fitch solutions semblent considéré que ces deux arguments ne tiennent plus, affirmant notamment que «l'escalade de l'inflation» au Maroc, qui a frôlé le seuil des 6% en avril dernier, poussera les autorités monétaires marocaines à mettre en œuvre «des politiques de resserrement agressives pour assurer la stabilité des prix». Cette inflation, notamment celle des produits alimentaires, qui ont progressé de plus de 9% en avril 2022, devrait rester «élevée» pour le reste de l’année 2022, estime-t-on.
A la hausse des prix, s’ajoute la question de la monnaie nationale. Fitch solutions souligne à cet égard que la Banque centrale devra augmenter son taux directeur pour «soutenir sa monnaie» dont le panier de cotation est actuellement composée d’euros à 60% et de dollars (40%), au moment où la Banque centrale européenne poursuit un resserrement monétaire plus agressif.
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Fitch solutions avance enfin un dernier argument qui devrait, selon elle, inciter BAM à relever son taux directeur: «une récolte agricole meilleure que prévu qui devrait apaiser les inquiétudes de BAM en matière de croissance». Rappelons en effet que la Banque centrale avait anticipé en mars dernier, une croissance du PIB très faible de 0,7% en 2022, en se basant sur une récolte céréalière estimée à seulement seulement 25 millions de quintaux.
Or depuis, la pluie a fait son retour, et le département de l’agriculture a indiqué le 13 mai dernier, que la production prévisionnelle des céréales principales (blé tendre, blé dur et orge), au titre de la campagne agricole 2021-2022 est désormais estimée à 32 millions de quintaux. Une révision à la hausse de la récolte céréalière qui devrait faire gagner quelques dizaines de points de PIB à la croissance du Maroc en 2022 par rapport à la prévision établie en mars dernier.
«Une amélioration des perspectives de croissance permettra également à la banque centrale de normaliser sa politique monétaire, en la ramenant à l'état de choses antérieur à la pandémie de Covid», conclut le cabinet d’analyse financière.