Dans un contexte de forte inflation et de chocs économiques mondiaux, la mission de travail du FMI au Maroc a salué la politique monétaire adoptée, jusque-là, par Bank Al-Maghrib pour prévenir le désancrage des anticipations d’inflation et assurer les conditions d’un retour rapide de la stabilité des prix.
«On pense que la hausse de 50 points du taux directeur de la banque centrale est une bonne chose. Même si la hausse de l'inflation est essentiellement due à la hausse des cours des matières premières et de l’énergie, nous avons observé ces derniers mois une généralisation et une transmission de cette inflation aux autres composantes de l’indice des prix à la consommation. La Banque centrale devait donc relever son taux directeur et ce n’est pas propre au Maroc, plusieurs autres pays sont confrontés à la même situation», ont expliqué les responsables du FMI.
Ce n’est pas le bon moment d’élargir la bande de fluctuation du dirhamInterrogés sur la pertinence d’effectuer un nouvel élargissement de la bande de fluctuation du dirham, l’équipe du FMI a estimé que face à l’incertitude qui règne, il est plus judicieux d’attendre que l’ensemble des conditions soient réunies avant d’accélérer la réforme de change au Maroc.
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«Le Maroc a déjà entrepris les efforts nécessaires pour libéraliser son taux de change. Pour l’instant, on est dans une situation où il y a beaucoup d’incertitudes. Cette réforme doit se poursuivre, mais le passage à l’étape suivante devrait se faire une fois que les incertitudes et les chocs s’atténuent. A très court terme, il faudrait continuer de travailler sur la mise en place de cette réforme pour laquelle il manque encore quelques éléments», expliquent les représentants du FMI.
Les discussions sont lancées pour renouveler la LPLPour ce qui est des lignes de financement accordées par le FMI au Maroc, les équipes du Fonds monétaire ont assuré que les discussions ont démarré il y a plus de 4 mois pour renouveler la ligne de précaution et de liquidité (LPL). Les discussions portent également sur la possibilité de faire profiter le Maroc d’un autre instrument de financement du FMI. Parmi les options discutées depuis plusieurs mois figurent notamment la ligne de crédit modulable (LCM).
«Nous avons commencé les discussions avec le Maroc autour de la possibilité d’accéder à une nouvelle ligne de précaution, il y a 4 à 5 mois. Nous avons tenu plusieurs missions pour finaliser et conclure les discussions à ce sujet et pour voir également la possibilité de remplacer la LPL par une nouvelle ligne de financement», soulignent les responsables du FMI.
Une croissance de 1,25% en 2022Selon le chef de la mission du FMI au Maroc, Roberto Cardarelli, la croissance du PIB devrait s'établir à environ 1,25% en 2022 et le déficit du compte courant devrait se creuser pour atteindre environ 4,25% du PIB.
Dans l'hypothèse d'une amélioration progressive des conditions extérieures et d'une saison agricole moyenne, la croissance devrait s'accélérer pour atteindre environ 3% l'année prochaine et le déficit du compte courant devrait se réduire à environ 3,5% du PIB, souligne-t-il, notant tout de même que de fortes incertitudes planent sur ces perspectives.
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Pour ce qui est de l’inflation, le chef de mission du FMI estime que son retour à près de 2% d'ici 2024 pourrait nécessiter de nouvelles hausses des taux directeurs de Bank Al-Maghrib.
«Alors que nous nous attendions à ce que l'inflation commence à baisser l'année prochaine, sous l'effet de la baisse prévue des prix mondiaux des matières premières, assurer un retour de l'inflation à près de 2% d'ici 2024 pourrait nécessiter de nouvelles hausses des taux directeurs, afin d'ancrer davantage les anticipations d'inflation», souligne-t-il.
Appel à accélérer les réformes socialesLes responsables du FMI ont également appelé à accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles, notamment celles visant à étendre la protection sociale à tous les Marocains, à stimuler l'investissement du secteur privé et à relever les défis posés par le changement climatique.
«Des progrès significatifs ont été réalisés dans l'extension de la protection sociale, bien qu'une grande partie des travailleurs indépendants n'aient pas encore rejoint le nouveau système contributif de soins de santé et de retraite. Des réformes profondes des systèmes de santé et d'éducation devraient améliorer l'accès, l'efficacité et la qualité des services», relève Roberto Cardarelli.