Dans un nouveau rapport intitulé «Finance and Prosperity 2024», la Banque mondiale cite le Maroc parmi les pays dont le secteur financier se caractérise par la résilience et la stabilité. L’institution financière internationale y note que le Royaume se démarque dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), au même titre que la Jordanie et les pays du Golfe, au moment où le secteur financier est confronté dans plusieurs pays de la région à des risques élevés, dans un contexte de liens étroits entre les banques et les dettes souveraines.
Les auteurs du rapport, le premier d’une future série annuelle conçue pour analyser les évolutions et les vulnérabilités du secteur financier dans les pays à revenu faible et intermédiaire, préviennent toutefois que la guerre à Gaza risque de créer des vents contraires.
Lire aussi : En 2023, le secteur financier marocain est resté solide et résilient, rassure Bank Al-Maghrib
Le Maroc s’illustre aussi par une «innovation majeure» qui consiste en l’étude d’impact des risques climatiques sur le secteur bancaire marocain, première du genre dans la région, initiée par Bank Al-Maghrib, souligne le rapport. En fait, il s’agit de la première analyse complète des risques climatiques physiques et de transition pour le secteur financier en Afrique et l’une des rares études menées dans les marchés émergents à l’échelle mondiale.
À partir de différents modèles climatiques et macro-financiers, un test de résistance au risque climatique a été réalisé pour quantifier les effets des sécheresses et des inondations sur l’économie et le secteur bancaire du Maroc, et pour évaluer l’impact d’une transition énergétique sur l’exposition au risque de crédit.
Le rapport indique que les stress-tests climatiques dans des pays comme le Maroc, la Colombie et le Mexique montrent que les risques physiques globaux, comme la sécheresse et les inondations, tout comme les risques de transition, sont relativement bénins pour le secteur financier.
Les banques surexposées à la dette publique
Globalement, le rapport «Finance and Prosperity 2024» met en évidence des divergences dans la résilience et la stabilité des secteurs financiers. Selon l’analyse de 50 pays, qui représentent 93% du total des actifs bancaires dans les économies émergentes et en développement, 30% des secteurs financiers de ces pays seront exposés à des risques importants dans les 12 prochains mois, relève-t-il. En effet, explique-t-il, dans la majorité de ces pays, il n’existe pas de cadre politique adapté ni de capacités institutionnelles suffisantes pour relever les défis de la stabilité financière.
Le rapport pointe également le poids excessif de la dette publique dans les avoirs des banques. «C’est là un talon d’Achille pour certaines économies, en particulier celles dont les politiques macroéconomiques sont moins rigoureuses et qui sont en butte à des problèmes de viabilité de leur dette publique», note le rapport. Ainsi, illustre-t-il, entre 2012 et 2023, l’exposition des banques à la dette publique a augmenté de plus de 35%.
Lire aussi : L'activité bancaire poursuit sa croissance au premier semestre 2024
Pour y remédier, les auteurs du rapport recommandent aux pays d’accroître les réserves des banques bien en amont, de renforcer l’efficacité des filets de sécurité financière, de réaliser des tests de résistance et de mettre en place toute une série d’outils essentiels.
Parmi ceux-ci, ils citent «de solides mécanismes de gestion de crise inter-institutions, une aide d’urgence pleinement opérationnelle en cas de crise de liquidité, des cadres de résolution de défaillance bancaire robustes et des systèmes de garantie des dépôts correctement financés, afin de réduire la probabilité de tensions financières et de répercussions sur l’ensemble de l’économie».
De plus, ajoutent-ils, les pays en développement devraient envisager d’introduire des exigences de divulgation de l’exposition des banques à la dette publique afin d’inciter celles-ci à une plus grande prudence face au risque et de favoriser la discipline de marché.