Pourquoi Maroc Telecom a tourné la page Ahizoune

Abdeslam Ahizoune, président sortant du directoire de Maroc Telecom.

Revue de presseAbdeslam Ahizoune quitte la présidence de Maroc Telecom après vingt-sept ans, remplacé par Mohamed Benchaâboun. Ce changement intervient dans un contexte de sanctions réglementaires et de retard technologique. Le marché a réagi positivement, avec une hausse du cours de l’action. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 26/02/2025 à 21h49

Le 25 février, le conseil de surveillance de Maroc Telecom a reconduit tous les membres du directoire, à l’exception notable de son président, Abdeslam Ahizoune, figure controversée ayant dirigé l’opérateur historique du Maroc durant vingt-sept ans.

L’ingénieur de 69 ans cède sa place à Mohamed Benchaâboun. Ancien ministre des Finances et à la tête du Fonds Mohammed VI pour l’investissement (FM6I) depuis 2022, ce dernier prend les rênes d’un groupe en pleine mutation, relève le magazine Jeune Afrique. «Tout le monde pensait qu’Abdeslam Ahizoune était inamovible, mais il fallait bien qu’il parte un jour», confie un haut fonctionnaire proche du dossier, cité par le mensuel panafricain.

Bien que le communiqué officiel ne précise pas les raisons exactes de ce changement, un cadre de l’entreprise souligne également «le retard technologique accumulé par l’opérateur historique au fil des années». Un autre observateur estime qu’Ahizoune n’a pas investi suffisamment dans les technologies stratégiques pour le pays.

L’entreprise, détenue à 53% par le groupe émirati Etisalat, a réalisé un chiffre d’affaires de 36,7 milliards de dirhams en 2024 et un bénéfice net de 6,1 milliards.

Le retard technologique ne semble toutefois pas être la cause principale de son départ. Maroc Telecom a récemment été condamné à verser 6,4 milliards de dirhams à son concurrent Wana (Inwi) pour pratiques anticoncurrentielles. Cette sanction s’ajoute à deux autres lourdes amendes infligées par l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT): 3,3 milliards de dirhams en 2020 et 2,45 milliards en astreintes ultérieures.

Malgré les avertissements de la Cour des comptes et de l’ANRT, Maroc Telecom a été accusé d’entraver l’accès des concurrents au dégroupage et au marché du fixe. «Ahizoune porte une part de responsabilité dans ces condamnations. Il aurait dû partager les infrastructures avec ses concurrents, comme le font les autres opérateurs historiques», indique une source proche du dossier au magazine.

C’est maintenant à Mohamed Benchaâboun de prendre les commandes et de rétablir un climat plus serein dans le secteur. «Cette nomination jouera un rôle clé dans la stratégie de développement de Maroc Telecom», affirme le groupe, dont l’État marocain détient 22%. Diplômé de l’École nationale supérieure des télécommunications (ENST, aujourd’hui Télécom Paris), comme Ahizoune, Benchaâboun a été à la tête de l’ANRT entre 2003 et 2008 avant de présider le conseil de surveillance de Maroc Telecom entre 2018 et 2021.

«Il connaît à la fois l’opérateur et les rouages de l’ANRT. Il pourrait relancer le groupe et pacifier ses relations avec les régulateurs et ses concurrents», estime une source proche du conseil de surveillance. Le marché semble en tout cas accueillir favorablement cette transition, comme en témoigne la hausse de plus de 6% du titre de Maroc Telecom à la Bourse de Casablanca le 25 février.

Par Lamia Elouali
Le 26/02/2025 à 21h49

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