«Nous fabriquerons des câbles par sections de 20 km -longueurs d’usine-, qui seront ensuite reliées en sections de 160 km appelées -longueurs de livraison-, avant d’être chargées sur le navire de pose de câbles. Chaque câble pèse 70 kg par mètre de longueur», explique Alan Mathers, directeur des opérations commerciales chez XLCC, dans une déclaration au média britannique Current±, spécialisé dans les actualités de la transition énergétique. La raison pour laquelle chaque section est aussi longue, poursuit-il, est la volonté de produire le moins de joints, partie la plus fragile de l’ensemble, et d’obtenir ainsi un câble plus robuste.
Si les câbles sous-marins ont été préférés aux câbles aériens ou terrestres, c’est pour la rapidité de leur installation, indique Alan Mathers. Pour illustrer son propos, il affirme ainsi que Xlinks aura besoin de six mois pour installer 14 km de câbles reliant la sous-station du Devon (sud-ouest du Royaume-Uni) à la mer, alors que le navire conçu par XLCC peut poser jusqu’à 20 km de câble sous l’eau chaque jour.
Le navire câblier le plus grand de son genre
XLCC a déjà achevé la conception d’un navire de pose de câbles, le plus grand en son genre dans le monde, qui sera livré au premier semestre 2025. Propriété du groupe italien Prysmian et baptisé Leonardo da Vinci, ce bateau comportera deux plates-formes tournantes de 7.000 et 10.000 tonnes respectivement, et sera doté de «la plus grande capacité de carrousel du marché», selon le cabinet indien Blackridge Research & Consulting. Le navire peut être utilisé dans une large gamme de projets, notamment des projets d’interconnexion électrique de longue distance ou encore le transport de câbles pour des parcs éoliens offshore.
Les deux carrousels du navire, révèle Alan Mathers, seront capables de contenir jusqu’à 13.000 tonnes de câbles chacun. «Nous disposerons donc d’environ le double de la capacité actuelle des plus grands navires câbliers dans le monde», explique-t-il.
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Chef de projet chez XLCC, Alex Gorrie détaille pour sa part le processus de pose des câbles sur le fond marin. XLCC a ainsi «opté pour une solution utilisant des tendeurs linéaires qui s’agrippent électroniquement au câble sur le navire pendant les opérations de déploiement».
Un véhicule télécommandé et équipé d’une caméra sera placé sur le fond marin pour s’assurer que chaque section du câble est posée en toute sécurité et enregistrer ses coordonnées exactes afin d’identifier avec précision où viendra se joindre la section suivante.
La longueur du câble passe à 3.900 km
Les sections seront posées sur une distance de 160 km pour chaque unité et regroupés en paires comprenant un câble à fibre optique, qui servira à surveiller l’état du câble électrique à l’aide de capteurs de température et d’acoustique, et à donner l’emplacement exact d’un éventuel problème survenu au niveau de la connexion.
Parmi les différents procédés d’enfouissement existants, le plus susceptible d’être utilisé pour le projet Xlinks serait celui de creuser préalablement des tranchées dans le fond marin, avant de poser le câble et de l’enterrer. Détail important: depuis le début du projet, la longueur de câble requise est passée de 3.800 km à un peu plus de 3.900 km, car le trajet de pose impose de passer par les canyons des fonds marins, précise le directeur des opérations commerciales chez XLCC.
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Les pourparlers entre les deux sociétés sont toujours en cours et aucun contrat n’a été encore finalisé. Si le partenariat est confirmé, Alex Gorrie estime que le processus entre la signature du contrat et la livraison du navire aux installations de XLCC à Hunterston, en Écosse, prendra environ 27 à 38 mois.
Rappelons qu’à travers le projet de câble sous-marin Maroc-Royaume-Uni, Xlinks ambitionne de produire 3,6 gigawatts (GW) d’électricité à partir des sources renouvelables, pour fournir de l’énergie à 7 millions de foyers britanniques d’ici 2030.
L’électricité sera produite dans des parcs solaires et éoliens d’une capacité de 10,5 GW dans la région de Guelmim-Oued Noun. Ces installations seront reliées au réseau électrique britannique dans le Devon, via quatre câbles sous-marins à courant continu haute tension (HVDC).