Lors de son intervention, samedi 10 septembre à Agadir, à l’occasion de la 4e édition de l’Université d’été du Rassemblement national des indépendants (RNI), Mustapha Baïtas, membre du bureau politique de ce parti et porte-parole du gouvernement, a été catégorique. Face aux voix qui appellent à un redémarrage de la Samir, il a tout simplement dit «niet». «Ce n’est pas la seule solution, mais une partie de la solution», a-t-il affirmé. La Samir pourrait certes régler un certain nombre de problèmes (le stockage, le raffinage…) mais, le Maroc n’étant pas un pays producteur d’hydrocarbures, le manque persistera. A cela s’ajoutent un certain nombre de préalables impossibles à remplir. L’endettement de la raffinerie s’élève à 40 milliards de dirhams, selon Baitas. Sa relance suppose de surcroît de nouveaux investissements pour les installations, la mise à niveau des équipements et la modernisation des outils de production. Le montant de ces investissements est estimé à 12 milliards de dirhams, a estimé le ministre, entre autres arguments. Les syndicats ne l’entendent pas de cette oreille. Le FNSS et le Syndicat national des industries du pétrole et du gaz sont ainsi montés au créneau pour démonter l’argumentaire du porte-parole du gouvernement. «Des contre-vérités, de la démagogie sur fond de lobbying corporatiste et de surenchère politique…», a réagi le FNSS, cité par L’Economiste dans son édition du jeudi 15 septembre. «A l’entendre écarter le scénario de réactivation de la Samir, le porte-parole démontre qu’il ignore complètement les fondements de la procédure de liquidation judiciaire ainsi que les acquis, enjeux socio-économiques et bénéfices prouvés par les raffineries ces temps-ci en termes de capacités de stockage, de raffinage, de sécurité énergétique, de souveraineté des pays…Ou encore les effets en termes d’allègement du coût de la facture énergétique et des prix des produits pétroliers», indique, de son côté, El Houssine El Yamani, secrétaire général du Syndicat national des industries de pétrole (CDT). Et de préciser que la dette réelle de la Samir s’élève à 95 milliards de dirhams (et non 40 milliards). Son redémarrage nécessitera, par ailleurs, quelque 200 millions de dirhams. Pour lui, le jeu en vaut la chandelle. Et pour cause, les marges de raffinage explosent. «Le coût du raffinage est passé de 30 centimes à 3 dirhams le litre. Autrement dit, si le litre de gasoil est à 15 DH, c’est que le surplus est de 3 DH le litre», souligne-t-il. Toutefois, la Samir ne trouve toujours pas repreneur. Le syndicaliste souligne que 4 à 5 offres de groupes étrangers sont sur la table. Mais, «l’Etat ne donne pas suffisamment de garanties sur la convention d’investissement», précise L’Economiste, citant un expert proche du dossier.
Par Nabil Ouzzane
Le 14/09/2022 à 22h00