Retour des pluies: un faible impact sur les céréales

Un champ de céréales avant maturité du grain. DR

Le retour des pluies que connait actuellement le Maroc ne devrait pas changer le cours des choses pour la céréaliculture qui a été très affectée par le retard des précipitations au début de la saison agricole, selon un ingénieur agronome.

Le 29/03/2024 à 16h29

Si les dernières pluies que connait le Maroc sont bénéfiques à plus d’un titre, elles ne devront, toutefois, pas changer grand-chose pour les céréales, indicateur important de la campagne agricole, estime un ingénieur agronome contacté par Le360. D’abord, notre interlocuteur relève que beaucoup d’agriculteurs, qui redoutaient une nouvelle année de sécheresse, ont diminué la superficie semée en céréales.

En effet, les cultures d’automne de l’actuelle campagne ont été réalisées sur une superficie d’à peine 2,8 millions d’hectares à la mi-janvier 2024, dont 2,3 millions consacrés aux cultures céréalières, selon des chiffres rapportés par la direction des études et des prévisions financières (DEPF), qui relève du ministère des Finances. Ce qui est très en deçà du niveau enregistré au cours des deux campagnes agricoles précédentes, avec une superficie semée en céréales de 3,67 millions d’hectares en 2022-2023 et 3,57 millions d’hectares en 2021-2022.

Le faible impact des dernières précipitations sur la céréaliculture est attribué par l’ingénieur agronome au retard de cet apport en eau. Ces dernières pluies sont tombées alors que la céréale a vu son cycle végétatif perturbé par la faiblesse des précipitations et des pics de chaleur, explique-t-il. Surtout que les pluies d’automne ont été inégalement réparties dans le temps et dans l’espace, note-t-il.

«La formation du grain est compromise dès le départ», souligne-t-il, précisant que c’est au cours de la saison automnale que l’on assiste à la croissance de l’épi. Au printemps, le grain de blé est censé être déjà formé et les pluies printanières servent au grossissement de ce grain, facteur déterminant du rendement final.

À rappeler que, selon les projections de Bank Al-Maghrib, annoncées le 19 mars dernier, à l’issue de son conseil, la récolte céréalière pour l’actuelle campagne agricole devrait être de 25 millions de quintaux contre 55,1 millions de quintaux en 2023, soit l’une des plus faibles moissons enregistrées au Maroc.

Le fourrage et les cultures printanières bien servis

Durant les mois de février et de mars 2024, différentes régions du Royaume ont enregistré des précipitations significatives. «Ces conditions climatiques seront bénéfiques pour l’ensemble des filières, notamment pour la production du fourrage et des cultures printanières», indique la DEPF dans sa dernière note de conjoncture, publiée récemment.

Ces pluies, ajoute-t-elle, devraient également renforcer la nappe phréatique et les réserves hydriques au niveau des barrages nationaux, «sans pour autant résorber l’important déficit hydrique de ces dernières années», nuance-t-elle. Ainsi, indique-t-elle, le taux de remplissage des principaux barrages nationaux est passé de 23,2% au 19 janvier 2024 à 26,7% au 19 mars 2024. Ce taux reste toutefois faible, comparé à celui enregistré à la même date de l’année précédente (34,9%), souligne-t-elle.

S’agissant du couvert végétal, il continue de progresser au niveau des régions de Rabat-Salé-Kénitra, Fès-Meknès et Beni-Mellal-Khénifra, indique la DEPF. Toutefois, au niveau national, l’état du couvert végétal, à fin février 2024, demeure inférieur à celui de l’année précédente, à l’exception de celui de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima qui s’est amélioré, en comparaison avec la même date de l’année précédente, relève-t-elle.

Par Lahcen Oudoud
Le 29/03/2024 à 16h29