Tapis originaires de Chine, d’Égypte et de Jordanie: dumping avéré, après enquête du ministère de l’Industrie

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Initiée le 31 décembre 2022, l'enquête antidumping du ministère de l’Industrie sur les importations de tapis de Chine, d’Egypte et de Jordanie a pris fin. Principale conclusion: les importations de tapis en provenance de ces pays menacent cette branche de la production nationale. Un droit antidumping définitif est donc recommandé.

Le 05/07/2022 à 13h18

Après 18 mois d’enquête, les services du ministère de l’Industrie ont livré leurs conclusions: les conditions d'application d'une mesure antidumping sur les tapis en provenance de Chine, d’Egypte et de Jordanie sont réunies.

Dans un avis, le ministère de l’Industrie affirme en effet que «la branche de production nationale de tapis est particulièrement vulnérable aux importations en dumping originaires des pays concernés».

Selon les conclusions de l’enquête du ministère, «il a été établi que le dommage qui a commencé à prendre forme en 2019, 2020 et 2021, devrait s'accentuer dans un futur proche».

Par conséquent, le ministère recommande l’application d’un droit antidumping définitif sur ces produits, avec un taux d’imposition allant jusqu’à 144% pour les tapis originaires de Chine et 35,33% pour les tapis en provenance d’Egypte. Pour les tapis importés de Jordanie, le taux d’imposition est de 0% pour deux producteurs et 35,33% pour les autres. Cette recommandation sera soumise à l'avis de la Commission de surveillance des importations.

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Rappelons qu'en décembre 2020, le ministère de l’Industrie et du Commerce, alors dirigé par Moulay Hafid Elalamy, avait ouvert une enquête antidumping sur les importations de tapis et autres revêtements de sol en matières textiles, à fabrication mécanique, originaires des trois pays préalablement mentionnés.

L’ouverture de cette enquête faisait suite à une requête de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH). Le ministère avait alors jugé que les éléments présentés étaient «objectifs et suffisants» pour justifier l’ouverture d’une enquête antidumping, conformément aux dispositions de la loi 15-09 relative aux mesures de défense commerciale.

Les éléments de preuve fournis par l’AMITH avaient attesté que les importations de tapis mécaniques, originaires de Chine, d'Egypte et de Jordanie avaient connu une «augmentation remarquable» comparativement à la production et à la consommation nationales. Selon les statistiques de l’Office des changes, ces importations ont connu une hausse de l’ordre de pas moins de 124% au cours de la période 2017-2019.

D’après les textiliens marocains, les importations des tapis mécaniques originaires de Chine, d'Egypte et de Jordanie ont eu des effets «négatifs» sur les prix de vente au Maroc de tapis nationaux similaires.

En effet, face à la concurrence féroce de ces trois pays, qui affichent des prix de ventes jusqu’à 39% plus bas que les prix pratiqués au Maroc, les producteurs nationaux ont été contraints de s’aligner sur ces prix. Cependant, note l’AMITH, une telle baisse forcée des prix ne permet pas à la branche de la production nationale de réaliser des marges bénéficiaires, nécessaires à sa survie.

Depuis le 1er  mars dernier, un droit anti-dumping provisoire est appliqué sur ces produits, suite à un arrêté conjoint du ministère de l’Economie et des Finances, et de celui l’Industrie et du Commerce, publié au Bulletin officiel. Il s’agit d’un droit antidumping provisoire, pour une durée de six mois, dont le taux d’imposition varie de 9% (pour les importations en provenance de Jordanie) à 144% (pour les tapis originaires de Chine).

Par Amine El Kadiri
Le 05/07/2022 à 13h18