La liste de la tarification nationale de référence est devenue obsolète. Même les autorités de tutelle y consentent: «elle ne permet pas aux acteurs privés du secteur de la santé de couvrir leurs frais. D’où des pratiques comme les suppléments de charges ou les chèques de garantie ». «Le ministre de la Santé a raison de dire que cette tarification est obsolète car elle date de 2006», confirme Jaâfar Heikel, épidémiologiste et spécialiste des maladies infectieuses, cité par le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du jeudi 13 juillet.
Pour le médecin, cette norme aurait dû être révisée tous les trois ans. «Pourtant, cette tarification n’a été révisée qu’une seule fois en 17 ans». Selon ce dernier, «si la TNR est obsolète, c’est parce qu’elle ne correspond plus à la réalité du terrain, c’est-à-dire aux frais réellement payés par les citoyens».
Par conséquent, il est aujourd’hui nécessaire de revoir cette tarification afin de l’adapter à la réalité du terrain, de manière à ce que les professionnels de la santé et les établissements de soins puissent couvrir leurs frais et réaliser une marge raisonnable lorsqu’ils travaillent dans le secteur privé, tout en respectant la loi, préconise le quotidien.
Redouane Semlali, président de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP), abonde dans le même sens. «Depuis 2006, de nombreuses évolutions ont eu lieu et, finalement, la TNR ne correspond plus à la réalité du terrain, et nous l’avons souvent exprimé», affirme-t-il.
«De nombreuses technologies thérapeutiques ont été introduites dans le système de santé au Maroc et ne sont pas prises en compte dans cette norme établie en 2006. Quantitativement, le coût des soins et des ressources humaines a augmenté ces dernières années, alors que la TNR n’a pas évolué», explique-t-il.
Selon les spécialistes, il est impossible de facturer une réanimation à 1.500 dirhams et de s’en sortir avec une marge. Les professionnels estiment avoir besoin d’au moins 2.500 dirhams pour couvrir leurs frais. «Nous avons signé un accord en ce sens, mais qui n’a jamais été concrétisé», déplore Redouane Semlali, rappelant que le premier accord de réforme avait été signé en janvier 2020. Cependant, la pandémie de covid-19 est survenue et a bouleversé l’agenda de cette réforme.
«Entre-temps, le ministère de la Santé a mis en place une nouvelle approche de tarification à laquelle les professionnels n’ont pas été associés», souligne Semlali. Pour lui, les autorités auraient intérêt à travailler en bonne intelligence avec l’ensemble des acteurs concernés afin de parvenir à une réforme répondant à toutes les attentes. Sinon, prévient-il, «nous reviendrons au point de départ».