Taux directeur: que fera Bank Al-Maghrib?

Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib.

Revue de presseLe marché plaide pour une réduction du taux directeur de 25 points de base, dans un contexte où l’inflation semble maîtrisée et où les prévisions économiques pour 2025 annoncent une reprise soutenue. Cependant, Bank Al-Maghrib semble privilégier le statu quo. Le verdict est attendu ce mardi. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 15/12/2024 à 20h48

La tension est palpable à la veille de la réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib, prévue ce 17 décembre 2024. Les observateurs économiques et les analystes du marché retiennent leur souffle, anticipant une éventuelle baisse du taux directeur de 0,25%, rapporte Les Inspirations Eco dans son édition du lundi 16 décembre.

Selon le quotidien, «les conditions sont réunies pour justifier une nouvelle diminution du taux directeur d’au moins 0,25%. Trois facteurs principaux viennent appuyer cette hypothèse. Premièrement, les taux obligataires à court terme évoluent actuellement en dessous du taux directeur, ce qui signale un potentiel d’assouplissement monétaire pour réduire davantage les coûts d’emprunt», lit-on.

En outre, avec des taux réels positifs et une prévision d’inflation autour de 2,5% pour 2025, une marge de manœuvre existe pour réduire le taux directeur sans craindre un dérapage inflationniste. S’ajoute à cela un contexte macroéconomique rassurant. Malgré des tensions géopolitiques et des défis nationaux comme la sécheresse ou les subventions au gaz, l’inflation continue de se modérer.

Cependant, plusieurs facteurs pourraient freiner une décision de baisse ce mois-ci, notamment les risques liés aux élections en Europe et aux États-Unis, ainsi que les incertitudes géopolitiques. Ces éléments créent des zones d’ombre susceptibles d’influencer l’arbitrage du Conseil.

«Par ailleurs, Bank Al-Maghrib maintient une approche prudente, contrastant avec la BCE, qui poursuit des baisses graduelles de ses taux directeurs, n’ayant réduit son taux que de 25 points de base cette année», poursuit le quotidien. Tout dépendra de l’équilibre que le Conseil choisira d’adopter entre le soutien à l’économie et la gestion des incertitudes globales.

La décision à venir devra également être analysée à la lumière des perspectives économiques pour 2025. L’année prochaine devrait être marquée par une reprise notable, portée par les secteurs non agricoles, avec une croissance avoisinant 4%. Les secteurs des infrastructures, du BTP et de l’immobilier affichent une forte dynamique, soutenue par des mesures fiscales ciblées, telles que des hausses salariales et des transferts sociaux. Ces mesures stimulent la demande interne tout en favorisant l’activité économique.

«2025 s’annonce comme une année charnière. Les secteurs non agricoles continueront à tirer l’économie, et les mesures fiscales renforceront la demande interne, mais une vigilance sur l’inflation demeure cruciale», souligne un expert cité par Les Inspirations Eco. Parallèlement, le dirham affiche une bonne stabilité face aux principales devises, notamment le dollar. Cette solidité soutient les importations tout en préservant les avoirs officiels de réserve.

Alors que le marché espère une baisse de 25 points de base, le Conseil de Bank Al-Maghrib, qui pourrait opter pour le statu quo, devra trancher entre les opportunités offertes par un environnement inflationniste sous contrôle et les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale. Une chose est certaine: la décision de demain sera scrutée de près par les investisseurs, les entreprises et les ménages, tant son impact sur les conditions de financement et sur la reprise économique est crucial.

Par Nabil Ouzzane
Le 15/12/2024 à 20h48