Compte tenu du contexte, la logique voudrait que les opérateurs fassent plus d’efforts pour sauver une saison touristique calamiteuse à bien des égards. Avec la suspension des vols, le manque de visibilité dont font preuve les opérateurs transparaît, manifestement, dans les prix proposés.
Sur les plateformes de réservation comme Booking, les tarifs affichés par les hôtels et riads 4 et 5 étoiles sont totalement dé-corrélés du contexte. Pour s’en convaincre, il suffit de procéder à une simple simulation.
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Pour une réservation allant du 24 décembre, correspondant à la fête de Noël, au lendemain du réveillon de la Saint-Sylvestre, les nuitées demeurent réservées à une clientèle d’habitués.
Les promotions affichées sont de l’ordre de 5%, 10%, voire tout au plus de 15%. Pour un 5 étoiles niché au cœur de Guéliz par exemple, il faudrait débourser 1.150 dirhams par personne, auxquels viennent s’ajouter une taxe de 45 euros (sur l’ensemble du séjour), et ce, en chambre double et demi-pension, les offres individuelles reviennent un peu plus cher.
Sur la même période, les offres plus généreuses se font rares et la plupart des établissements de même gamme proposent des réductions certes, mais insuffisantes pour que le touriste local soit vraiment intéressé.
Comment se fait-il alors que les prix se maintiennent à des niveaux aussi élevés, en cette période de crise? Il faut dire que certains hôteliers s’attendent à une éventuelle reprise des liaisons aériennes, à l’issue des deux semaines de suspension des vols directs de passagers depuis et à destination du Maroc, comme annoncé par le Comité interministériel de suivi du Covid, lundi 29 novembre.
Mais c’est sans prendre en considération l’évolution épidémique au sein des principaux pays émetteurs, européens pour la majorité. Le nombre de contaminés recensés en France, par exemple, s’est nettement apprécié (161%) passant de 19.749 le 21 novembre à 51.624 cas recensés au 4 décembre.
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La propagation du variant Omicron plaide en faveur du prolongement de cet embargo. Et, pour certains analystes, s’attendre à une reprise des vols courant décembre revient à croire au père Noël. «A mon sens, il faut probablement s’attendre à une reconduction de la suspension des vols en raison de la détérioration de la situation sanitaire partout dans le monde», explique Zoubir Bouhoute, analyste en tourisme.
Cela dit, l’incapacité des hôteliers à tirer davantage les prix vers le bas s’explique aussi par la contraction dramatique de leur marge sous l’effet d’une fiscalité jugée «lourde».
«Nous sommes conscients de notre manque de compétitivité en comparaison avec des destinations comme la Turquie ou l’Egypte, mais il nous est impossible de baisser les prix, parce qu’on flirte avec le coût de revient», se défend Amine Zghaoui, directeur commercial et marketing de la chaîne Magic Hotels & Resorts.
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La rareté des promotions est aussi le signe manifeste que les opérateurs apprennent toujours à composer avec la crise.
Pourtant, la suspension des vols n’est pas synonyme de disparition du pouvoir d’achat puisque la demande existe bel est bien. «Environ 4.000 Marocains partent en Turquie chaque semaine», estime Zoubir Bouhoute.
En cette fin d’année, les offres alléchantes ne sont donc pas de rigueur, ce qui ne va pas inciter le touriste marocain à sortir son portefeuille et à voyager dans son pays.