La Banque mondiale (BM) et l’Observatoire marocain de la TPME (OMTPME) ont présenté aux médias, ce mardi 15 octobre 2024 au siège de Bank Al-Maghrib à Rabat, le rapport intitulé «Libérer le potentiel du secteur privé marocain: une analyse de la dynamique des entreprises et de la productivité».
Fruit de la première collaboration entre l’institution financière internationale et l’OMTPME, ce rapport a permis de tirer de nombreuses conclusions de l’étude du secteur privé marocain. Ainsi, il relève que le taux de survie des entreprises cinq ans après leur création est estimé à 53%, et que le taux de sortie officiel par radiation n’est que de 1,2%. Cependant, le taux de sortie de facto, qui comptabilise les entreprises inactives pendant au moins deux ans sans pour autant être dissoutes, est «exceptionnellement» élevé, à 7,3%.
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Cela signifie que les entrepreneurs marocains n’ont pas de grandes difficultés à créer une nouvelle entreprise, mais qu’ils hésitent à la fermer formellement, préférant la laisser «en veille». Cela pourrait être dû en partie à des procédures de faillite et de liquidation inefficaces et coûteuses, estiment les auteurs du rapport.
L’étude indique également que les entreprises de 10 salariés ou moins contribuent à près de 86% de l’emploi au Maroc, contre 35% en moyenne dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle note que, même si les entreprises grandissent avec l’âge, la taille moyenne de celles en activité depuis moins de 10 ans est inférieure à 10 employés, et que la taille moyenne des entreprises matures, en activité depuis plus de 10 ans, n’est que de 26 employés.
Des performances modestes pour le secteur formel
Il en ressort aussi que la taille moyenne des entreprises a tendance à diminuer, ce qui pourrait s’expliquer en partie par la formalisation accrue des micro-entreprises, résultant du déploiement de politiques publiques visant à faciliter les procédures de création d’entreprise et à améliorer l’environnement des affaires.
Autre conclusion importante du rapport: la densité des entreprises à forte croissance (EFC) est très faible au Maroc, ce qui contribue à l’insuffisance de création d’emplois et à la faible émergence de nouvelles grandes entreprises.
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Par conséquent, les entreprises matures et de grande taille sont rarement concurrencées par de nouveaux entrants, conclut le rapport, expliquant qu’à l’international, une densité importante d’EFC est généralement indicative d’un secteur privé dynamique et innovant.
L’étude relève aussi que les performances du secteur privé formel en matière de productivité sont modestes, et que les grandes entreprises sont moins productives que celles de taille moyenne. De même, ajoute-t-elle, certaines données indiquent que les entreprises les plus productives sont trop petites par rapport à leur taille optimale.
Par ailleurs, le rapport fait ressortir que, malgré la taille relativement grande du marché financier marocain, le manque d’accès au crédit pour de nombreuses entreprises pourrait contribuer au problème d’efficacité allocative. Le crédit est concentré sur les grandes entreprises et les plus anciennes, pénalisant les nouveaux entrants et les concurrents potentiels sur le marché.