Malgré des avancées notables, la stratégie agricole nationale présente des lacunes majeures qui pèsent sur les petits exploitants et la filière de la viande rouge. Dans un entretien accordé au magazine Finances News Hebdo, Mohamed Dahbi, secrétaire général de l’Union générale des entreprises et professions (UGEP), dresse un constat sans concession sur les résultats du Plan Maroc Vert et de la transition vers Génération Green.
L’annulation du sacrifice de l’Aïd Al-Adha n’a pas entraîné de baisse significative des prix des viandes rouges. «Dans le meilleur des cas, la diminution n’a pas dépassé les 20% pour la viande ovine», explique Mohamed Dahbi. Pour la viande bovine, bien qu’une baisse ait été constatée, les prix restent élevés. Cette situation s’explique par la volonté des éleveurs d’écouler leur bétail afin de faire face aux charges. «Certains bouchers proposent désormais de la viande de brebis d’Espagne à 50 DH/kg, très appréciée par les consommateurs marocains», précise-t-il.
Des divergences existent sur les chiffres du cheptel ovin. «L’ancien ministre de l’Agriculture affirmait que le cheptel dépassait les 20 millions de têtes, alors que son successeur évoque une baisse de 38%», souligne Mohamed Dahbi. Ces contradictions ont semé le doute et perturbé la prise de décisions stratégiques.
Depuis la mise en place du Plan Maroc Vert, les prix de la viande rouge ont explosé. «On est passé de 50 DH/kg en 2009 à un prix record aujourd’hui», affirme Mohamed Dahbi. Il critique l’absence d’une évaluation approfondie avant de basculer vers la stratégie Génération Green. «Nous restons dépendants de l’importation, notamment pour les semences et certaines races animales, alors que nos ressources locales sont sous-exploitées», lit-on.
Le contrat-programme entre l’État et les professionnels n’a pas atteint ses objectifs. «Le PMV a favorisé les associations au détriment des petits exploitants, qui sont pourtant les principaux fournisseurs de viande rouge», regrette Mohamed Dahbi. Il pointe du doigt le soutien massif accordé à la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (Fiviar), sans résultats tangibles.
Les intermédiaires jouent un rôle essentiel, mais certains faussent le marché. «Ce sont les occasionnels qui posent problème», précise Mohamed Dahbi. Il préconise une meilleure régulation et la digitalisation des marchés afin de garantir la transparence des transactions et la traçabilité des produits.
L’annulation du sacrifice de l’Aïd Al-Adha pourrait favoriser le renouvellement du cheptel national. «C’est une pause nécessaire qui permettra de redémarrer sur de meilleures bases», estime Mohamed Dahbi. Les dernières pluies devraient également avoir un impact positif sur les parcours naturels et l’activité pastorale. Mais il est temps de mener les réformes structurelles nécessaires.
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