Le Maghreb s’urbanise et s’industrialise davantage. Face à cette situation qui entraine une croissance de la consommation électrique, outre la nécessité d’accroître continuellement la production électrique pour faire face à la demande, les pays de la région sont appelés à faire face à l’épuisement des sources énergétiques fossiles (gaz, pétrole, charbon etc.) et à l’évolution erratique des cours de celles-ci pour les pays non pourvus de ces ressources comme le Maroc, en investissant dans les énergies renouvelables tout en accentuant leur intégration énergétique.
C’est dans ce contexte que s’est ouvert à Rabat la 6ème Conférence générale du Comité maghrébin de l’électricité (Comelec) sous le thème : «L’intégration maghrébine, facteur d’accélération de la transition énergétique». Cette institution qui regroupe les opérateurs publics en charge de l’électricité au niveau des 5 pays du Maghreb -ONEE (Maroc), Sonelgaz (Algérie), STEG (Tunisie), Somelec (Mauritanie) et Gecol (Libye)-, créée en 1974, met l’accent, durant ces deux jours de conférence, sur une vision maghrébine commune pour une valorisation optimale des ressources de la région, les enjeux économiques des énergies renouvelables, la coopération maghrébine pour une meilleure intégration régionale et les leviers pour une transition énergétique.
Faibles échanges inter-maghrébins
A noter qu’au niveau de la région, la puissance électrique installée est passée de 17875 MW en 2000 à 38451 MW en 2014. Celle-ci est dominée par les installations thermiques, les aménagements hydrauliques et éoliens ne représentant que respectivement 5% et 3% des capacités installées. Pour ce qui est de la production électrique au niveau de la région, celle-ci est passée de 61095 GWh en 2000 à 145 533 GWh en 2014 dont seulement 2% provenant des infrastructures hydro-électriques et 1% des centrales éoliennes.
En ce qui concerne la consommation de sources énergétiques, celle-ci a atteint 347 45 ktep en 2014 contre 16743 Ktep en 2000 avec une forte prépondérance du gaz naturel qui représente 72% des sources énergétiques de la région.
La production électrique de la région est toutefois mal répartie. Certains pays sont excédentaires alors que d’autres sont structurellement déficitaires. D’où l’intérêt d’une intégration électrique maghrébine qui passe nécessairement par le développement de l’interconnexion des réseaux électriques.
Nécessité de développer l’interconnexion électrique
Ainsi, Ali Fassi Fihri, directeur général de l’ONEE et Président du Comelec, revenant sur l’intérêt d’une intégration régionale plus poussée dans le domaine de l’énergie, a mis l’accent sur la politique énergétique mise en place par la Maroc et qui accorde une place particulière aux énergies renouvelables qui sont appelées à représenter 42% de la production d’électricité au Maroc à l’horizon 2020 et «la volonté du Maroc à partager son expérience et son expertise dans ce domaine pour une plus grande intégration électrique du Maghreb».
Allant dans le même sens, Abdelkader Amara, ministre de l’énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement du Maroc, a insisté sur ce point en soulignant que «le Maroc compte jouer un rôle dans l’intégration maghrébine, facteur d’accélération de la transition énergétique», et a insisté sur la nécessité de renforcer l’interconnexion entre les pays du Maghreb, d’une part, et ceux des deux rives de la Méditerranée, d’autre part». A ce titre, il a expliqué qu’outre les interconnexions déjà existantes et liant le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, «la Mauritanie et le Maroc sont en train d’étudier techniquement comment réaliser une intégration électrique entre les deux pays».
Reste que, comme l’a souligné Habib ben Yahia, Secrétaire général de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), tout en soulignant que l’interconnexion électrique au Maghreb est une réalité depuis longtemps «Il n’en demeure pas moins que la quantité électrique échangée reste en deçà des potentialités de la région et ce à cause particulièrement de l’absence d’un marché électrique régional».
Partant, la région doit poursuivre le développement des interconnexions électriques intra-maghrébines dont les avantages sont nombreux : augmentation des échanges électriques transfrontaliers, réduction des coûts, injections d’importantes capacités de production d’électricité d’origine renouvelable, etc.
La transition énergétique
Outre l’intégration régionale, l’accent est aussi mis sur la production d’énergies propres. Face à la prépondérance des systèmes énergétiques principalement basés sur les énergies fossiles et fissiles, une transition vers des systèmes surtout basés sur les énergies renouvelables est jugée essentielle par les membres du Comelec. En effet, au niveau du monde arabe, les énergies renouvelables ne représentent qu’environ 1% de la production électrique totale et 3% au niveau de la région Comelec.
Le Maroc demeure le meilleur élève dans ce domaine. Ne disposant pas de ressources énergétiques fossiles exploitées, le pays a misé sur les énergies renouvelables. L’énergie éolienne avec une puissance installée de 810 MW représente 10% de la puissance totale électrique du pays et génère une production de 1800 GWh, soit 6% de la production totale. D’ailleurs, le pays est aujourd’hui à la pointe mondiale en matière de politique de développement des énergies renouvelables. Celles-ci devront représenter 42% de la production d’électricité du Royaume en 2020 et 52% à l’horizon 2030.