S'il est un domaine d’avenir, où Israël est en avance, c'est bien celui des hautes technologies. Pour Tamar Saraga, dont il s'agit de la spécialité, l’écosystème des start-ups israéliennes peut servir de modèle pour construire une "start-up nation" marocaine.
Mais d'abord, il faudrait évidemment émettre ce constat: les échanges commerciaux entre le Maroc et Israël ont toujours existé. Il faut en effet savoir que des entreprises israéliennes sont installées et opèrent depuis déjà de nombreuses années au Maroc. En 2019, selon les statistiques de l’Israël Export Institute, les exportations du Maroc vers Israël étaient de l'ordre de 67 millions de dollars, contre 4 millions de dollars en ce qui concerne les importations.
Si les mémorandums signés devant le Roi entre Israël et le Maroc, le 22 décembre dernier, abordent les secteurs du tourisme, de l’innovation, de la gestion de l’eau, ainsi qu'une coopération accrue dans les domaines des finances et de l’investissement, pour Tamar Saraga, "avec la signature de ces accords entre les deux pays, les relations vont pouvoir s’intensifier et prendre une nouvelle dimension. Une chambre de commerce Israël-Maroc, en Israël, est déjà en projet. Il existe plusieurs secteurs économiques où le Maroc et Israël peuvent être complémentaires, et ce sont certains d'entre eux qui sont identifiés dans les accords paraphés (...) à Rabat".
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"Dans tous les domaines identifiés comme prioritaires par le Maroc, il y a une complémentarité entre les deux écosystèmes. Dans des domaines comme l’agriculture, l’automobile, l’aéronautique, le tourisme, ainsi que la gestion de l’eau et les énergies renouvelables, Israël est l'un des leaders mondiaux et peut apporter de l’innovation pour booster l’accélération industrielle au Maroc", souligne l’experte.
Et Tamar Saraga d'expliquer aussi qu''il y a le domaine de la santé, sur lequel il peut y avoir des [projets]. Les sujets ne manquent pas", s'enthousiasme-t-elle.
Pour cette consultante ès-high-tech, qui entend revenir à son domaine de prédilection, "pour passer à l’étape suivante, développer une start-up nation marocaine, il y a beaucoup de choses à partager entre le Maroc et Israël. Culturellement plus proche du monde arabe et du Moyen-Orient, le modèle israélien peut être plus facile à adapter au Maroc, que les modèles américain ou européen. La start-up nation marocaine pourrait être une Silicone Valley pour l’Afrique et tirer bénéfice de tout cela... Dans cet écosystème où les acteurs sont nombreux, gouvernement, investisseurs, start-ups et centres de recherches des grands groupes, Israël sait partager son expérience et pourrait le faire avec le Maroc pour créer cette start-up nation marocaine", explique la consultante high-tech.
Dans ce domaine précis, Tamar Saraga, qui est aussi marocaine et originaire de Rabat, a d'ores et déjà lancé une initiative avec pour objectif de rapprocher les deux écosystèmes, afin de favoriser les échanges entre Israël et le Maroc.
Elle s'explique: "je lance une initiative qui va permettre de rapprocher, avec une déclinaison de plusieurs projets qui permettront de rapprocher, de créer des liens et de faire collaborer nos deux écosystèmes pour développer les high-tech. Il y a un manque de talents en Israël. Je connais le niveau de compétence des talents marocains et leur qualité. Il peut y avoir un partage de talents dans ce domaine. Aujourd’hui, les sociétés sont mondialisées et peuvent avoir des collaborateurs partout dans le monde, pas forcement basés dans le pays d’origine de l’entreprise. Ce serait bien d’avoir l’opportunité de s’appuyer sur les talents du Maroc".
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Tamar Saraga se veut avant tout rassurante: "le but n’est pas de faire fuir les cerveaux marocains vers Israël, mais bien au contraire, de pouvoir développer les projets depuis le Maroc, pour qu’ils contribuent à l’évolution du pays", dit-elle.
En effet, souligne-t-elle, "dans les industries, la compétition est redoutable pour être plus compétitif", aussi, "les grands groupes doivent avoir encore plus de valeur ajoutée dans leur cœur de métier et la contribution de la high-tech dans toutes les industries permet un gain de productivité et de compétitivité".
"Je reste persuadée que, dans la majorité des domaines, il est possible de développer une collaboration fructueuse basée sur la complémentarité entre les deux pays et la contribution de l’innovation israélienne aux industries où il y a une priorité au Maroc", a conclu, à la fin de cet entretien avec Le360, l'experte israélo-marocaine.