Le gouvernement semble enfin se saisir sérieusement du mouvement de boycott mené depuis plusieurs semaines au Maroc et ciblant trois marques de la place. L'une d’elles n’est autre que Centrale Danone, le leader des produits laitiers au Maroc et qui a subi de plein fouet les répercussions de ce mouvement, allant jusqu’à baisser de 30% ses approvisionnements auprès des éleveurs marocains. Invité du journal télévisé d’Al Oula, hier jeudi 31 mai, le ministre délégué aux Affaires générales, Lahcen Daoudi, n’a pas mâché ses mots et a pris fait et cause pour Centrale.
Contrairement aux messages rassurants du top management de cette dernière, certifiant que pour l’heure, il n’est pas question de licenciement, Lahcen Daoudi a, lui, affirmé à plusieurs reprises que des renvois ont bel et bien eu lieu. «Ce sont plus de 1.000 collaborateurs de cette entreprise qui sont désormais à la rue et qui n’ont pas les moyens de nourrir leurs familles pendant ce mois de ramadan», a plaidé Daoudi.
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Pour lui, cette situation est d’autant plus incompréhensible qu’aucune augmentation des prix du lait n’a été constatée depuis 2013. «Et Centrale Danone pratique les mêmes prix que ses concurrents», assure le ministre. Et d’expliquer aussi bien le rôle socio-économique de cette entreprise que sa nature multinationale qui peut la pousser…à quitter le Maroc.
«Nous sommes devant une société qui compte un réseau de 120.000 et 150.000 éleveurs. Elle fait donc vivre près d’un demi-million de Marocains. Elle emploie directement 6.000 personnes. Mais n’oublions pas que c’est une multinationale, que le Maroc représente une infime partie de son chiffre d’affaires et que, si elle ne se retrouve pas financièrement, elle peut très bien quitter le Maroc», avertit Daoudi.
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Quid de ses marges, jugées élevées au regard du pouvoir d’achat des Marocains? «Il faut regarder les bilans et ceux-ci sont clairs: la marge de bénéfice de Centrale Danone est de 0,9% quand d’autres margent à quelque 24%. Encore une fois, si elle ferme boutique, ce sont des milliers d’éleveurs qui comptent 1 à 2 vaches chacun qui risquent de se retrouver sans ressources. C’est au revenu et à la dignité de ces gens-là que nous portons atteinte», explique le ministre.
Pour Daoudi, l’autre coût est celui impactant l’image du pays vis-à-vis des investisseurs tant nationaux qu’étrangers. «En 2017, nous étions la principale destination des investissements directs étrangers du continent. Il n’est pas du tout sûr qu’il en soit de même cette année», dit-il. «Voir ce boycott prendre une telle ampleur et sans raison aucune, c’est se demander pourquoi risquer son argent au Maroc. Autant dire que les instigateurs de ce mouvement jouent avec le feu, surtout qu’il s’agit là d’un secteur, à savoir l’agriculture, qui est vital pour notre économie et qui a le plus besoin d’encouragements et d’investissements», ajoute le ministre. Sera-t-il entendu pour autant?