Le verdict est tombé comme un véritable coup de massue. La reconduction de la suspension des vols vis-à-vis de l’Europe laisse les opérateurs perplexes. Eux qui croyaient vraiment à cette réouverture des lignes aériennes pour sauver la saison, avant d'accueillir le mois de janvier, pire période de l'année, à en croire les hôteliers.
«On ne s’y attendait pas du tout». Cette phrase ressort sans cesse dans les conversations avec tout agent économique dont les recettes dépendent des devises étrangères. A commencer par les gérants d’enseignes hôtelières. Désormais, c’est une pluie d’annulations qui s’abat sur les hôtels et Riads de la ville ocre, tous segments confondus. «Avant la fermeture, on comptait 114 chambres réservées sur l’un de nos hôtels, soit 60% d’occupation. Mais ça c’était avant» regrette Amine Zghaoui, directeur commercial et marketing de la chaîne Magic Hotels & Resorts.
La reconduction de la suspension des vols a pour corollaire direct de réduire les options au seul segment du tourisme interne. Or, le marché domestique ne peut pas, à lui seul, assurer la pérennité d’un secteur fortement dépendant des recettes étrangères.
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Pis, ladite décision sème un vent de panique dans les affaires, condamnant, notamment, les IDE consentis dans ce secteur. La chaîne Magic Hotels & Resorts, par exemple, qui compte deux hôtels à Marrakech, entendait ouvrir 5 autres unités au Maroc à court et moyen termes. Vu le contexte, son top management a dû reporter ses décisions stratégiques dans l’attente de jours meilleurs.
La morosité ambiante vient ainsi saper la relative reprise, qui se faisait bien sentir courant septembre et octobre. «Nous commencions à prendre des couleurs, à récupérer une clientèle multisegments, avec la reprise des tournages de films, les séminaires et les compagnies aériennes que nous hébergeons, et là pour le coup l’on se retrouve avec un mono-marché», déplore Fabrice Castellorizios, General Manager du Radisson Blu.
Autre ligne de métier directement concerné par le gel des activités, le transport touristiques. «La plupart d’entre nous ont cassé leur tirelire pour pouvoir payer l’assurance et l’entretien des véhicules pour repartir de plus belle», fait savoir Saad Chemzari, transporteur touristique. Même son de cloche chez la fédération marocaine des transporteurs touristiques, qui interpelle les autorités compétentes à prendre leur responsabilité à l'issue de cet énième embargo.
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Mais c’est à vrai dire, tout un écosystème qui en pâtit. «C’est tout un secteur qui dépend de l’expérience Marrakech», souligne Castellorizios. Pas de ruissellement donc vers les petites mains, entre autres, les artisans, artistes de la place Jamaâ El Fna et autres lignes de métiers dépendants des ventes des coopératives agricoles.
A l’heure où le Maroc maintient ses frontières étanches, les touristes étrangers s’orientent vers d’autres destinations telle que la Turquie qui profite de la dépréciation de sa devise ou encore l’Egypte.