A l’échelle nationale, en 2019, l’industrie du textile comptait 1.628 entreprises employant 189.000 personnes. Le secteur a généré un chiffre d’affaires de 50,48 milliards de DH, dont 36,5 milliards à l’export. Amorcée en 2010, la tendance haussière des exportations marocaines a été freinée en 2020 par la pandémie de Covid-19, passant de 36,5 milliards de DH en 2019 à 29,8 milliards en 2020. Ces exportations sont dirigées principalement vers deux marchés, l’Espagne et la France.
«L’industrie textile marocaine est passée par plusieurs phases durant cette crise. La première phase a été très difficile, dans le sens où nous avons eu un arrêt brutal des commandes et donc un arrêt des entreprises pendant un mois et demi à peu prés, jusqu'à ce que nous commencions à fabriquer des masques», indique Fatima Zohra Alaoui, directrice générale de l’AMITH.
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La reprise du secteur a été progressive suite à la réouverture des magasins en Europe au mois de juin et l’industrie a connu un phénomène de rattrapage bénéficiant de la relocalisation de certaines commandes de l’Asie vers le Maroc.
C’est dans ce contexte et face aux mutations observées suite à la crise provoquée par le Covid-19 que l’association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH), a développé une nouvelle vision.
«Cette vision nous l’avons voulu très simple, nous l’avons baptisé «DAYEM» (durable en arabe) et elle s’articule autour de 10 points stratégiques. C’est une vison simple a expliqué mais sa déclinaison, par contre, nécessite des moyens. Il y a des éléments qui sont pécuniaires et d’autres qui relèvent de l’intervention de l’Etat, notamment sur les barrières douanières… Ce sont des choses sur lesquelles nous devons travailler malgré la crise pour réussir cette vision», explique Jalil Skalli, vice président de l’AMITH.
Cette vision repose sur quatre leviers de développement: l’agilité, l’innovation, la qualité et l'éco-responsabilité, et s’appuie 10 résolutions concrètes.
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A savoir, la formation et le développement de nouvelles compétences, mais aussi la création de pôles intégrés "textile valley" dédiés à l’industrie du textile. A l’horizon 2035, l’AMITH recommande le développement de deux éco-parcs pilotes innovants de 100 ha chacun, à Casablanca et à Tanger, pour accueillir les investissements d’avenir.
La quatrième résolution concerne l’inclusion des opérateurs de l’informel, en travaillant notamment avec les régions pour la mise à disposition de locaux industriels adaptés. L’innovation étant un volet crucial de cette vision, la cinquième résolution consiste à donner un coup de pouce aux start-up novatrices dans le secteur et à accompagner les entreprises nationales dans leur digitalisation.
En ce qui concerne la moroccan touch, l’AMITH souhaite promouvoir la création de marques marocaines en appuyant la créativité et en appelant à la mise en place d’offres de financement adaptées.
L’AMITH souhaite également renforcer l’intégration en amont de la chaîne de valeurs textile à travers la mise en place de plusieurs mesures concrètes dont des offres de financement, des incitations fiscales et autres réductions de coûts. Avec la vision Dayem MOROCCO, le secteur fait le choix de la durabilité et de la compétitivité en saisissant les occasions qui s’offrent à lui, comme celle de la récente légalisation de la culture du chanvre industriel, véritable opportunité pour un textile naturel, durable et responsable.
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«Le contexte actuel est favorable, mais la réussite de cette vision va dépendre de l’implication des industriels marocains eux-mêmes. Aujourd’hui il y a une réelle prise de conscience des professionnels qu’ils doivent transformer leur business model, donc à eux de prendre en mains cette vision et de la mettre en œuvre. Bien entendu, elle va aussi dépendre du soutien que l’Etat apportera à un secteur névralgique de l’industrie marocaine, notamment en terme de création d’emplois», confie la directrice générale de l’AMITH.
Avec cette vision, l’AMITH ambitionne d’augmenter la valeur des exportations marocaines à 60 milliards de DH, et porter la part des exportations marocaines sur les marchés d’Amérique du Nord et d’Europe du Nord à 20% du total des exportations. L’AMITH entend également porter la part de la production en co-traitance et produit fini de 35% actuellement à 60% à l’horizon 2035. Sur le plan local, l’objectif dans les 14 années à venir est de porter la part de marché des industriels marocains à 40%.