L’exemple de la Tunisie, de l’Egypte et de la Jordanie, trois parmi les destinations les moins chères du pourtour méditerranéen, montre que la reprise du trafic aérien ne suffit pas pour assurer la relance de l’activité touristique, celle-ci ayant été durement touchée par les conséquences de la pandémie de Covid-19.
Dix jours après la reprise du trafic aérien desservant la Tunisie, les touristes européens ne se bousculent pas pour aller passer leurs vacances estivales dans ce pays. Idem pour l’Egypte, qui a autorisé ses aéroports à accueillir les touristes étrangers à partir du 1er juillet.
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Au Maroc, les professionnels ont fini par comprendre que pour sauver la saison estivale 2020, ils doivent miser d’abord –et surtout– sur le tourisme interne, même si le gouvernement donne son feu vert à la reprise des vols internationaux. Un pays comme la France, principal marché émetteur à destination du Maroc, incite d’ailleurs ses touristes à «consommer local», et à réserver leurs vacances au territoire français.
A cela s’ajoutent les réserves exprimées par les principaux tour-opérateurs (TO) européens qui refusent, à ce jour, de renouveler leurs accords avec les autorités marocaines, en l’absence de visibilité sur l’évolution de la situation épidémiologique.
Pour ces TO, il n’est pas possible d’improviser une offre pour une destination sans une programmation qui nécessite plusieurs mois de préparation. A ce propos, le patron du tour-opérateur allemand TUI a clairement expliqué à un haut responsable gouvernemental du Royaume qu’il n'était pas question de s’engager sur quoi que ce soit avant la fin du mois de décembre prochain.
«La saison estivale se prépare dès le printemps voire dès l’hiver, le temps de s’organiser, de concevoir et d’imprimer les brochures, les catalogues, etc. Cette année, à cause du Covid-19, le manque de visibilité touche l’ensemble des destinations du bassin méditerranéen», explique Fouzi Zemrani, vice-président général de la Confédération nationale du tourisme (CNT).
Fouzi Zemrani est bien conscient que la réouverture des frontières ne suffit pas pour activer la reprise: «le maintien de la mise en quarantaine des voyageurs entrant au Maroc pourrait décourager les touristes, sans oublier l’effet des inquiétudes liées à une recrudescence de foyers de contamination», explique-t-il.
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Aucun TO ne peut donc prendre le risque de se positionner sur une destination touristique dans les circonstances actuelles.
Zoubir Bouhout, directeur du Centre provincial du tourisme de Ouarzazate, craint de voir les parts de marché de la destination Maroc s’envoler à partir seulement de la saison estivale 2021 car, dit-il, les tours opérateurs signent généralement des contrats annuels après de longues négociations, notamment sur les tarifs.
Face à ce climat anxiogène imposé par la crise sanitaire, les professionnels s’accordent à dire que le salut viendra du tourisme interne. Et encore! Car même sur le seul terrain local, la flambée des nouveaux cas de contamination risque de chambouler les plans de vacances, de peur de se retrouver à nouveau confinés au cours de cet été.