La plateforme a séduit 15,8 millions de nouveaux abonnés payants de janvier à mars, contre 9,6 millions sur la même période l'année dernière, d'après son communiqué de résulats publié mardi.
Une accélération que le groupe qualifie de "temporaire", en lien direct avec les mesures de distanciation sociale prises dans le monde pour enrayer la progression du Covid-19.
"C'est un record de nouveaux abonnés", constate David Sidebottom, analyste chez Futuresource. "Cela vient des nouveaux ménages, mais aussi d'anciens adeptes qui avaient résilié leur contrat".
Le service de streaming a aussi pu capitaliser sur l'engouement suscité par "Tiger King" ("Au Royaume des fauves"), une série entre télé-réalité et documentaire sur les élevages de félins aux Etats-Unis, sortie le 20 mars.
"C'est une distraction qui est tombée incroyablement à pic, qui a permis aux gens de parler d'autre chose que des infos", a déclaré Ted Sarandos, directeur des contenus, lors d'une conférence en ligne pour les investisseurs.
Pour le deuxième trimestre, Netflix table sur 7,5 millions de clients supplémentaires, mais précise que ce n'est qu'une "hypothèse".
"C'est très compliqué de penser sur le long terme, car pour l'instant nous sommes concentrés sur notre petite contribution dans ces temps difficiles, qui est de rendre le confinement un peu plus supportable", a indiqué Reed Hastings, cofondateur et patron du groupe.
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L'entreprise californienne s'attend à un ralentissement de la croissance du nombre d'abonnés quand la vie sociale reprendra.
"Les personnes qui n'ont pas rejoint Netflix pendant tout le confinement ne le feront sans doute pas juste après", remarque-t-elle.
Les très bons résultats de la société ne lui ont valu qu'une timide approbation de Wall Street, où le titre s'appréciait de 0,2% lors des échanges électroniques après la clôture.
Netflix a doublé son bénéfice net au premier trimestre, à 709 millions de dollars, pour un chiffre d'affaires de 5,8 milliards de dollars, en hausse de 28% sur un an.
La plateforme dispose de réserves de cash, puisque certaines dépenses ont été remises à plus tard, quand la production de films et séries pourra reprendre.
Elle ne s'inquiète pourtant pas des probables retards de calendrier.
"Nos films et séries prévus pour 2020 sont pour la plupart déjà prêts à diffuser ou en post-production. Pour +The Crown+, par exemple, on en est aux touches finales, et la série (sur la reine d'Angleterre, ndlr) sortira bien cette année", s'est félicité Ted Sarandos. "C'est très compliqué, mais c'est aussi remarquable: beaucoup de contenus vont être terminés depuis des salons, des chambres et des cuisines partout dans le monde !"
Netflix ne peut pas se permettre de perdre le rythme de la production, alors que la concurrence fait rage entre les anciens et nouveaux entrants du marché.
Apple TV+ et Disney+ sont entrés en scène avec des moyens importants à l'automne, suivis par Quibi sur les mobiles récemment, et bientôt rejoints par HBO Max (AT&T) et Peacock (Comcast) au printemps.
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"Nos programmations originales ont gagné en prévalence sur la plateforme et nous allons continuer dans cette direction parce que nos fournisseurs sont en train de devenir nos rivaux et ils vont être de moins en moins enclins à nous vendre des contenus", a admis Ted Sarandos.
Disney, notamment, s'est fait remarquer en conquérant 50 millions d'abonnés payants dans le monde, cinq mois après son lancement aux Etats-Unis et deux semaines après son arrivée en Europe.
"Je n'ai jamais vu une exécution aussi réussie de la part du vétéran d'un secteur. Je leur tire mon chapeau", s'est extasié Reed Hastings, bon joueur. "Vous pouvez parier qu'on va passer à la vitesse supérieure pour nos contenus à destination des enfants et des familles !".
Les gouvernements promettent de commencer à alléger les mesures de confinement à partir du mois de mai.
Même si les cinémas et autres lieux de sortie ne vont pas immédiatement rouvrir, les différents acteurs vont alors pouvoir mesurer quelle part de leur succès venait simplement des circonstances.
"Le défi de Netflix et des autres plateformes sur abonnement, notamment Disney+, ne va pas être seulement d'attirer de nouveaux abonnés après le confinement, mais surtout de garder ceux qu'ils ont acquis", observe David Sidebottom.