C’est une réalité en contraste criant avec les conditions à Laâyoune. A l’autre extrémité de cette route qui semble séparer deux mondes disparates, dans les provinces du Sud du Maroc, le quotidien est tout autre, comme le documente cette production, dont l’avant-première a été présentée aux journalistes vendredi après-midi. Le documentaire sera diffusé ce dimanche 14 avril en prime-time.
Au long de plus d’une heure, fruit d’une investigation journalistique de cinq jours, où des témoignages de locaux détaillent le vécu de leurs auteurs sous toutes ses coutures, la journaliste espagnole Patricia Medjidi Juez, déplace le téléspectateur entre deux visions, deux réalités, deux vies à l’extrémité l’une de l’autre.
A Tindouf, ces témoignages apportés par de simples habitants, mais aussi par des médecins espagnols et des travailleurs humanitaires, se demandent comment des tonnes de médicaments, envoyés en aide aux Sahraouis, disparaissent comme par enchantement en très peu de temps.
La journaliste, sélectionnée par la chaine d’info pour sa neutralité et son expérience de plus de 25 ans dans la presse, est surtout ahurie par la prévalence des maladies chroniques, face auxquelles les médecins étrangers restent désarmés.
La situation des droits de l’homme est une autre paire de manche. Les abus des membres du polisario son légion, et bénéficient d’une impunité sidérante et diffuse.
Mahfoud Mohamed Mahmoud, un brave jeune homme, qui a fait les frais de ces excès extrajudiciaires, a décidé de s’élever contre les seigneurs auto-proclamés des camps de la honte. À visage découvert, il raconte comment, quand il a voulu s’exprimer et réclamer ses droits, il a été enlevé, tabassé, puis sauvagement violé par des séparatistes du polisario.
Quand la journaliste le prévient qu’il risque des représailles, il hausse les épaules. “Je suis conscient qu’ils viendront me chercher.. que peut être ils vont purement et simplement me liquider”, lui répond-t-il, résigné et résolu.
Toute personne qui tente d’exprimer une opinion autre que celle imposée par le polisario, comme le cas de Mahfoud, perd sa ration d’aide, si elle n’est pas enlevée, enfermée ou effacée de la surface de la terre.
Pis encore, l’Algérie, qui se vante d’être le protecteur des sahraouis, “les a placés dans un grand désert infertile”, s’indigne une humanitaire espagnole. “Et si l’on parle de la facilitation du transport des aides humanitaires, ce sont les sahraouis qui en paient les frais d’une manière ou d’une autre”, assène-t-elle.
La rédaction du documentaire a choisi de ne pas diffuser plusieurs autres témoignages encore plus horrifiants par souci de sécurité pour leurs auteurs, a déclaré à la MAP le rédacteur en chef, Nabil Driouech.
A l’autre bout de son périple, Patricia Medjidi Juez a pu rencontrer des acteurs associatifs, des élus, des travailleurs de la santé et des simples citoyens. Contrairement à son déplacement à Tindouf, où elle a tout le temps été sous bonne garde, à Laâyoune elle se déplaçait librement braquant son objectif comme bon lui semble.
Elle a pu constater comment les locaux gèrent leurs propres affaires dans un climat de démocratie et de liberté, mais surtout de sérénité et de respect. Alors qu’elle s’attendait à voir un village désolé, elle a été surprise par la qualité des infrastructures, le niveau de développement et les chantiers structurants dans une ville digne de son statut.
Plus qu’un simple documentaire, Tarik Al Karama est le passage de Tindouf, aux tréfonds de l’avilissement et de l’incertitude vers un monde de dignité et de démocratie, où l’avenir est bâti grâce à l’apport de tout un chacun.