Abdelali Benamour, président du Conseil de la concurrence, organisme indépendant au rôle toujours consultatif a appelé mardi à l’ouverture du secteur de la télévision aux acteurs privés, estimant qu’il est "temps de libéraliser " ce secteur comme l’a été en 2002 la suppression du monopole de l’Etat sur l'audiovisuel. "Le Conseil estime nécessaire d’ouvrir le secteur de la télévision. Il faut le passage rapide à la concurrence", a déclaré Benamour lors de la conférence de presse au cours de laquelle il a présenté une étude préconisant la libéralisation de ce secteur à la concurrence.
Vidéo avec Abderrahim Ettahiry
Abdelali Benamour a rejeté, devant le ministre de la Communication, Mustapha Al Khalfi, dont la présence à la conférence a surpris, les deux raisons qu’avait avancées la HACA en 2009 pour fonder sa décision de refus d’ouvrir ce domaine à la concurrence. Les deux arguments étaient la faiblesse du marché de la publicité et le besoin de renforcer le pôle télévisé public avant toute chose. "Ces deux arguments ne tiennent plus la route. La HACA doit revenir sur sa décision car la concurrence crée le marché et assure la liberté d’entreprendre", souligne le président du Conseil de la concurrence.
"Notre étude comparative interne a montré que des pays moins développés que le Maroc sont dotés de plusieurs chaînes publiques et privées de télévision", a-t-il encore ajouté, citant les cas de l’Egypte, la Tunisie (2 chaînes publiques et 19 privées), la Libye et certains autres pays africains. Selon cette étude, 58,2% des Marocains regardent les télévisions étrangères, le reste étant partagé entre les diverses chaînes nationales 2M (28,3%), Al Aoula (6,1%), Médi1TV (3%). Le marché de la publicité pour les télévisions et les radios mobilise un chiffre d’affaires de 2,8 milliards de dirhams par an, en plus du soutien de l’Etat aux médias qui s’élève à un milliard de dirham, a indiqué de son côté El Khalfi. "L’ouverture du secteur de la télévision à la concurrence est simplement une question de temps. C’est un processus irréversible. Nous nous acheminons vers cette ouverture mais le dernier mot revient à la HACA", a précisé le ministre.
Certains spécialistes affirment qu'il est désormais plus facile de créer une télévision privée avec un investissement minimum de 50 millions de dirhams seulement. Selon le ministre, le Maroc a quatre défis à relever et à maîtriser pour dynamiser le secteur de la télévision : le coût économique (investissement et dépenses), la technologie et donc la télévision numérique à généraliser, le marché de la production et, enfin, le secteur de la publicité.