Depuis mardi 11 octobre, des membres et chefs de quelque 14 factions palestiniennes étaient réunis à Alger dans le cadre du «Congrès de la réconciliation en vue de la réalisation de l’unité nationale palestinienne». L’objectif étant de faire semblant d’acter la réconciliation définitive entre les nombreuses factions palestiniennes, dont les divergences profondes ne sont pourtant pas près de s’estomper.
Finalement, l’accord, dit «Déclaration d’Alger», a été signé en grande pompe, ce jeudi 13 octobre à partir de 17 h (heure marocaine). La cérémonie de signature, retransmise en direct par la télévision publique algérienne, a été présidée par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, en présence du chef d’état-major de l’armée algérienne, des membres du gouvernement, des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale algérienne, ainsi que des ambassadeurs accrédités à Alger.
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Malgré sa présence sur les lieux, le président algérien a laissé son ministre des Affaires étrangères prononcer un bref discours en son nom. Quelques mots ont été prononcés, et les chefs des factions palestiniennes ont été salués au moment où ils se relayaient pour signer cette «Déclaration d’Alger».
Lors de la lecture du texte final de cette déclaration par l’ambassadeur de l’Etat de Palestine à Alger, tout un chacun a été surpris du fait qu’elle ne comportait que des généralités, des vœux pieux et autres bonnes intentions. Ce qui est normal, puisque ce texte, en 9 points, divulgué mercredi dernier, au matin par le site du journal londonien en arabe, Al Qods Al Arabi, a été entièrement écrit par la partie algérienne et non par les parties concernées elles-mêmes. D’ailleurs, le seul point qui pouvait constituer une avancée, à savoir l’appel à la formation d’un gouvernement d’union nationale inter-palestinien, a été retiré, suite au refus du représentant du Fatah de l’accepter.
Pour rappel, le Fatah et le Hamas sont à couteaux tirés suite à l’invalidation des législatives palestiniennes de 2006, remportées par le Hamas, et qui avaient débouché sur des affrontements meurtriers entre les deux camps. Depuis plus de 15 ans, on assiste à une nouvelle partition des territoires palestiniens, Gaza étant contrôlée par le Hamas et la Cisjordanie par le Fatah.
La «Déclaration d’Alger» n’est donc que l’expression de vœux utopiques, car ce n’est pas la diplomatie algérienne qui peut réussir, en moins d’une année, la réconciliation entre factions palestiniennes, là même où de grandes puissances régionales, comme l’Egypte, l’Arabie saoudite et la Turquie n’y sont pas encore parvenues, malgré des années d’efforts en ce sens et une bien meilleure connaissance du dossier.
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De même, on se demande comment les factions palestiniennes vont accorder en trois jours seulement au régime politico-militaire algérien ce qu’elles ont toujours refusé à leurs propres compatriotes, qui manifestent dans les territoires depuis 2007 en vue d’exiger que cessent les divisions inter-palestiniennes, surtout idéologiques, entre les mouvements islamistes (Hamas, Jihad…) d’un côté, avec le Fatah et autres partis laïcs de l’autre côté?
Autant dire que le régime algérien est en train de se livrer à un jeu de dupes à la fois pour apparaître auprès de son opinion publique comme le champion de la «cause palestinienne» et espérer redorer l’image d’une diplomatie qui cumule les revers sur le front de l’ouest.
Dans leurs déclarations, les «congressistes» palestiniens ont d’ailleurs eu bien du mal à cacher leur circonspection vis-à-vis de cette «Déclaration d’Alger».
S’exprimant à la télévision publique algérienne, Azzam Ahmed, chef de la délégation du Fatah, a indiqué que «les Palestiniens étaient divisés depuis plus de 15 ans, ce qui a affaibli énormément [leur] cause», précisant que le texte qui a été signé à Alger a été entièrement «conçu par la partie algérienne».
«Nous sommes satisfaits des résultats. Le dialogue inter-palestinien était positif et serein», a laconiquement déclaré, pour sa part, le chef du Hamas, Ismail Heniyyeh, à la télévision algérienne.
En des termes moins diplomatiques, rien ne change pour les protagonistes. Mais le régime algérien se livre à un show qui doit bien faire grincer des dents au Proche-Orient. En particulier en Egypte, où l’agitation du régime algérien est perçue comme un parasitage du travail des vrais parrains du dossier.