Maintenant que Abdelmadjid Tebboune a démontré qu’il était capable de tenir un discours cinq minutes d'affilée sur Twitter, l’opération de «polissage» de l’image du président algérien reprend de plus belle. Le360 apprend ainsi de sources journalistiques algériennes que les «spin-doctors» du palais El Mouradia, en concertation avec les services de renseignement, s’apprêtent à lancer un sondage d’opinion pour faire du président, pourtant visiblement malade et amaigri, «l’homme de l’année 2020 en Algérie».
Services de renseignement et galonnés militaires auraient ainsi reçu des instructions pour se mobiliser pleinement, afin de garantir un plébiscite pour Abdelmadjid Tebboune, via le mécanisme du sondage qui sera déployé. L’idée est de réaliser un score qui effacerait l’affront de son élection avec moins de 40% des voix, en décembre dernier. Mais aussi pour faire oublier la gifle reçue lors du référendum constitutionnel du 1er novembre: un taux de participation de 23%, soit le plus faible de l’histoire de l’Algérie indépendante. Et encore, il ne s’agit là que des chiffres officiels. Les chiffres réels seraient, en fait, bien en-deçà de ce score de 23%.
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En mal de légitimité par les urnes, Abdelmadjid Tebboune n’a plus d’autres recours que de forcer des sondages d’opinion pour tenter d'asseoir une illusion de popularité que les mégaphones du régime vont outrageusement relayer. Car prendre véritablement le pouls de la société algérienne reviendrait à conclure que le bilan de la première année du mandat présidentiel est catastrophique à tous les égards: l’économie est en récession, la monnaie s’effondre, la crise sanitaire s’aggrave, la diplomatie est en débâcle, les militaires sont noyés dans des scandales de corruption et le Hirak, qui bouillonne encore malgré la répression, appelle à l'instauration d'un Etat civil.
Tebboune n’a apporté aucune solution concrète aux problèmes des Algériens. Bien au contraire, il a plongé le pays, encore plus, dans le doute et ressuscité le vieux souvenir de la vacance de pouvoir créée par la maladie de son prédécesseur, Abdelaziz Bouteflika. Aujourd’hui, depuis près de deux mois qu’il est à l’étranger, en Allemagne, où il affirme être en convalescence, le président algérien en exercice cherche désespérément à redorer son image avant de pouvoir rentrer. Ses compatriotes ne sont pas dupes: c’est à peine s’ils ne lui concèderaient pas le titre de «patient de l’année», de «survivant 2020» ou de «miraculé du Covid». En somme, des expressions qui collent davantage à un sondage d’opinion réaliste et qui laissent penser que Tebboune va rééditer les années moroses de l’ère Bouteflika.