Aucun groupe armé n'a encore revendiqué l'attentat, qui survient trois jours après qu'un kamikaze s'est fait exploser près d'une antenne des services de renseignement afghans dans la capitale, faisant six morts. Les talibans ont toutefois très rapidement affirmé qu'ils n'étaient pour rien dans l'attentat de jeudi qui a aussi frappé l'Afghan voice agency, un média situé à proximité.
"La cible de l'attaque était le centre culturel Tabayan. Une cérémonie s'y tenait à l'occasion du 38e anniversaire de l'invasion soviétique en Afghanistan quand une explosion s'est produite", a déclaré à l'AFP le porte-parole adjoint du ministère de l'Intérieur, Nasrat Rahimi. Cette explosion a été suivie de deux autres, de moindre importance, qui n'ont pas fait de victimes, a-t-il ajouté. "Nous avons quarante morts, trente blessés, et ce n'est pas le bilan final, qui peut encore monter", a poursuivi le porte-parole.
Le ministre délégué à la Santé Ghulam Mohammad Paikan a fait état sur la chaîne de télévision Tolo de "35 martyrs et de 20 autres blessés", "tous des civils" tués par les "brûlures" causées par l'attentat. "Nous étions dans le hall, au second rang, quand l'explosion a eu lieu derrière nous. (...) Après cela, il y a eu le feu et de la fumée dans la salle", a raconté Mohammad Hasan Rezayee, un étudiant, lui-même brûlé au visage et aux mains. "C'était le chaos. Tout le monde hurlait et pleurait. Les gens étaient paniqués. Tout le monde demandait de l'aide", a-t-il poursuivi, ajoutant que des femmes et des enfants faisaient partie des victimes.
Des photos postées sur la page Facebook de l'Afghan voice agency, voisine, montrent la cour de ce média constellée de débris avec une demi-douzaine de corps alignés par terre, l'un d'entre eux en sang.
Sabir Nasib, le directeur de l'hôpital Istiqlal, a indiqué à une télévision locale que 18 blessés avaient été emmenés dans son établissement. "Cinq d'entre eux sont dans un état critique et nos médecins essaient de leur sauver la vie", a-t-il observé. Dans cet hôpital, des dizaines de victimes pleuraient leurs proches, se frappant le visage, a constaté l'AFP. Certains se roulaient à terre, s'arrachant les cheveux. D'autres hurlaient contre le gouvernement, incapable selon eux des les protéger.
"Les terroristes ont encore une fois commis des crimes contre l'humanité en attaquant des mosquées, des lieux saints et des centres culturels. Leurs crimes sont impardonnables", a estimé le président afghan Ashraf Ghani dans un communiqué.
Les forces américaines en Afghanistan ont de leur côté condamné une "attaque haineuse". "Les avancées culturelles et la liberté de parole ne seront pas empêchées", a assuré le porte-parole de l'opération Resolute support, le lieutenant-colonel Kone Faulkner, sur Twitter.
Cet attentat est le dernier en date à Kaboul où les attaques sanglantes se succèdent, faisant de la capitale l'un des endroits les plus dangereux du pays. Le 31 mai, un camion piégé y avait tué 150 personnes et blessé environ 400 autres. Le groupe jihadiste État islamique, qui a revendiqué l'attentat de lundi contre une antenne des services de renseignement de la capitale, multiplie ses attaques en Afghanistan, notamment contre la minorité chiite à Kaboul. Les talibans ont également accru leur harcèlement contre les forces de sécurité.