«Le patient algérien» est de retour. Le360 apprend que le président Abdelmadjid Tebboune fera son retour à Alger dès ce vendredi 12 février. Son second séjour médical aura ainsi duré 32 jours, mais personne ne sait vraiment si celui-ci sera bien le dernier.
Il faut rappeler qu'à son premier retour au pays, tout aussi en urgence, le 29 décembre dernier, pour ratifier le projet de budget, après deux mois d’absence, personne ne pouvait imaginer qu’il allait se contenter de ne passer qu'une douzaine de jours seulement en Algérie, avant de s’envoler encore une fois en Allemagne, le 10 janvier dernier, pour une nouvelle hospitalisation.
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Dix jours plus tard, soit le 20 janvier, son service de communication annonçait que «le président a subi une intervention chirurgicale sur pied droit» (sic) et qu’il «sera de retour dans les prochains jours, après l’approbation de son équipe médicale».
Jusqu'à présent, les communicants de Tebboune n’ont pas encore officiellement annoncé son retour imminent en Algérie. Hier, jeudi 11 février, la présidence s’est contentée d’annoncer une communication téléphonique qu’il a eue avec le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, pour «le remercier des soins médicaux qu’il reçoit en Allemagne», et ce, depuis maintenant plus de trois mois.
Ce communiqué, qui laissait donc entendre un retour imminent du président algérien, n’a pas non plus été accompagné d’une photo récente de Abdelmadjid Tebboune. Une omission qui ne rassure pas du tout sur son état de santé. Les Algériens se demandent donc dans quel état ils vonty retrouver le chef de l’Etat cet après-midi. Descendra-t-il de l’avion sur ses deux pieds? Ou confirmera-t-il plutôt son sobriquet de «président assis»? Des informations fiables évoquent une ablation subie par le président algérien au pied droit, ainsi qu’une prothèse orthopédique qu'il devrait porter de façon définitive.
La président Tebboune arrivera-t-il à tenir plus que les deux réunions et les trois grognements qu’il a enchaînés sur la douzaine de jours qu’il a passés au palais présidentiel, début janvier? Mais, surtout, arrivera-t-il à concevoir un scénario de début de sortie de la terrible crise que traverse le pays?
Car c’est en effet une Algérie au bord de l’implosion que s'apprête à retrouver Abdelmadjid Tebboune, cet après-midi. La loi de finances, qu’il a ratifiée en urgence, commence à faire des ravages plus tôt que prévu. La dévaluation programmée de la monnaie a inéluctablement conduit à une flambée des prix, et à un effondrement du pouvoir d’achat, que les subventions publiques ne sont plus en mesure de compenser. Une situation d'autant plus explosive que les recettes pétrolières de l’Algérie atteignent leurs niveaux les plus bas de ces quatre dernières années.
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La colère des Algériens a pris une ampleur telle, qu’ils défient de plus en plus les mesures de restrictions sanitaires, en organisant de grands rassemblements de contestation. Une importante manifestation d'étudiants est d’ailleurs annoncée pour mardi prochain, 16 février 2021, prélude à un sit-in qui promet d'être encore plus fédérateur, à l’occasion de la commémoration du deuxième anniversaire du Hirak, le 22 février.
C’est donc bien cette situation explosive qui force le président Abdelmadjid Tebboune de rentrer (une fois encore) en urgence dans le pays qu'il dirige, afin de faire face à une crise économique et politique dont il devra assumer les conséquences. Lui, aurait bien aimé continuer à prendre (soin de) son pied, en prolongeant son séjour de convalescence de luxe, dont le coût est estimé à 48.000 euros par jour. Car la présidence algérienne n’est bien entendu pas du tout concernée par les restrictions des dépenses en devises, qui paralysent l’économie algérienne.