Elections anticipées, remaniement gouvernemental… Voilà la recette concoctée par Abdelmadjid Tebboune, qui espère ainsi contenir la grogne populaire qui gagne toute l’Algérie.
Au lendemain de son retour au pays, après une deuxième hospitalisation en Allemagne, qui aura, en tout, duré 32 jours, le président a reçu les principaux chefs de partis politiques de tous bords. Il s’agit en l’occurrence de Jilali Soufiane (Jil Jadid), Abdelaziz Belaid (El Moustakbal) et Abdelkader Bengrina (El Bina), qu'il a rencontrés samedi, ainsi que Abdelaziz Makri (MSP), Youssef Aouchine (FFS) et Filali Ghouni (El Islah) qu'il a, quant à eux, consultés hier, dimanche 14 février 2021.
Certains de ces zaïms politiques, au sortir de cet entretien, rapportent que le chef de l'Etat "envisage de dissoudre le Parlement et d'organiser des élections législatives anticipées". "La dissolution du Parlement pourrait intervenir dans les prochains jours", peut-être même d'ici jeudi prochain, a confié Abdelaziz Belaïd à un média algérien. Sofiane Djilali indique, de son côté, que les élections législatives, prévues initialement en 2022, auraient lieu "au plus tard en juin 2021". Un remaniement du gouvernement serait également à l'ordre du jour, selon plusieurs médias algériens.
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Pour l’heure, ces annonces n’ont pas été rendues publiques par la Présidence algérienne. Mais ces consultations politiques sont le signe d’une crispation du régime, à l'approche du deuxième anniversaire du Hirak, le mouvement de protestation populaire déclenché le 22 février 2019, et qui a forcé l'ex-président, Abdelaziz Bouteflika, à la démission, deux mois plus tard.
Abdelmadjid Tebboune, plus affaibli que jamais politiquement, cherche donc à jouer la carte politique du changement, dans une tentative de contenir une colère populaire grandissante, qui augure d’une reprise des manifestations hebdomadaires du Hirak. Une manifestation estudiantine est d’ailleurs annoncée pour demain, mardi 16 février. Elle permettra au régime algérien de prendre le pouls de la rue.
C’est peut-être après ce rendez-vous que Abdelmadjid Tebboune dévoilera son jeu. Mais ces futures annonces ne seront sans doute pas suffisantes pour répondre aux attentes des Algériens, qui réclament avant tout l’établissement d’un Etat civil.