Selon plusieurs médias algériens, le tribunal militaire de la province de Blida a condamné à mort, lundi dernier, Guermit Bounouira, qui était le secrétaire particulier du défunt chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah.
Ce verdict, qui est tombé au lendemain de la diffusion de la vidéo de Guermit Bounouira, éclaire sur la violente colère du chef d’état-major de l’armée algérienne, qui a choisi une méthode radicale pour faire taire l’auteur des révélations à charge contre lui. Manifestement, ce procès expéditif, qui n’était pas programmé le 10 janvier dernier, est une riposte à chaud, véritablement un comportement sanguin de Saïd Chengriha envers le film où il a été présenté, par un témoin de premier ordre, non seulement comme un trafiquant notoire de drogue et d’armes, mais aussi comme un adepte du clanisme et du régionalisme ayant livré l’armée algérienne aux hauts gradés de sa région d’origine.L’extrême célérité avec laquelle ce verdict contre Bounouira est tombé, en moins d’une journée, mais aussi son extrême sévérité, la peine capitale, renseignent largement sur l’état d’esprit dans lequel se morfond Saïd Chengriha: une rage hystérique.
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Un sentiment d'ailleurs étayé par la condamnation à perpétuité, le même jour et pour ce même dossier, du diplomate réfugié au Royaume-Uni, Mohamed Larbi Zitout (le premier qui a diffusé l’enregistrement de Bounouira), et de l’ancien commandant de la gendarmerie en fuite, le général Ghali Belkecir, devenu depuis juillet dernier un citoyen du Vanuatu, un Etat-archipel de l’Océanie. Celui-ci était connu pour sa proximité avec l’ancien secrétaire particulier de Gaïd Salah.
Le tribunal militaire de Blida a retenu contre Bounouira les chefs d'accusations de «haute trahison», de «divulgation de documents officiels», de «divulgation de secrets militaires», sans compter celui d'une «intelligence avec des pays étrangers».
Il est utile de rappeler à cet égard que dans l’une des vidéos qui ont récemment fuité, Guermit Bounouira avait révélé que durant les 16 premiers jours qui avaient suivi son extradition par la Turquie, il avait été soumis à une torture physique atroce, et constamment empêché de dormir.
Il ajoute aussi que les juges militaires qui ont dirigé son procès, et qu’il identifie avec leurs noms, grades et région d’origine (celle de Chengriha bien sûr) l’ont informé qu’il n’aura pas droit à un avocat, avant de le forcer à déposer ses empreintes digitales sur un procès-verbal qu’il avait auparavant refusé de signer. Il a même été informé qu’il pouvait être liquidé à tout moment, et qu’il sera dit à l’opinion algérienne qu’il est mort des suites du Covid-19, comme cela a été le cas de nombreux généraux et oligarques précédemment emprisonnés.
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Le journal proche du clan Toufiq, Al Watan, a d'ailleurs été l’un des premiers à avoir diffusé l’information sur la condamnation à la peine capitale de Bounouira, mais en prenant ce soin de faire une éclipse totale sur les révélations explosives de l’ancien secrétaire particulier de Gaïd Salah sur l’actuel patron de la junte.
D’ailleurs un black-out total est maintenu dans les médias algériens au sujet des révélations de Bounouira. Le patron de la junte est visiblement groggy et n’arrive pas à valider un plan de riposte.
La réaction épidermique de Saïd Chengriha témoigne aussi de sa rage, face au clan qui protège Guermit Bounouira, et qui a permis à cet ancien secrétaire particulier de feu Ahmed Gaïd Salah, lequel est actuellement toujours incarcéré dans la prison militaire de Blida, la mieux surveillée du pays, de livrer avec autant de facilité ses enregistrements à ses destinataires.
Le clan des frondeurs au pouvoir de Chengriha est donc visiblement bien plus puissant qu’on n'a pu le croire jusqu'ici. Avec ces révélations de Bounouira, on assiste tout juste là au premier round d'une guerre clanique entre les généraux de la junte.