Décidément, Saïd Bouteflika est un fidèle habitué des cimetières. Après ses "franches rigolades" avec son «pote» Ali Haddad, patron du Forum des chefs d’entreprises (FCE), en juin dernier au Carré des Martyrs, lors de l’enterrement du résistant Redha Malek, le voici pointer à nouveau du nez, sous l’œil de la télévision publique algérienne (ENTV), pour enterrer un nouveau moudjahid, en l’occurrence Mohamed Lemkami. Mais cette fois avec son frangin Nacer sans Ali Haddad, argentier de la campagne de son frère Abdelaziz pour la présidentielle 2014. Le patron des patrons semble n’en avoir cure, puisque le soutien ostentatoire qui lui a été publiquement manifesté par Saïd Bouteflika, lors du précédent enterrement, lui a permis de se débarrasser de son «ennemi juré», en l’occurrence l’ex-premier ministre Abdelmajid Tebboune, limogé quatre-vingt jours après sa désignation en mai dernier par le président Bouteflika. «C’est la première apparition en public, de Saïd Bouteflika, depuis le fameux face à face, avec l’ex-Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, lors des obsèques de Rédha Malek, et qui a précédé son limogeage», constate en effet notre confrère « le Matin d’Algérie».
Il convient de noter que le mode opératoire est resté intact: se livrer volontiers au jeu des flashs et surtout sous l’œil de la caméra de la télévision publique algérienne (ENTV). «L’ENTV, qui évitait habituellement de mettre en avant le frère cadet du président, (sauf en compagnie du président lui-même), ne s’est pas gênée cette fois, proposant des cadrages, des plans larges et des séquences de plusieurs secondes», certifie «Le Matin d’Algérie».
En effet, Saïd Bouteflika ne se soucie plus de l’obligation de réserve que lui impose son statut de «conseiller personnel» du frère-président disparu des écrans radars depuis sa mutique apparition, le 28 mars dernier, aux côtés du président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso. Le frère cadet, non seulement est sorti de sa réserve, il ne se gêne plus de s’afficher publiquement et se mettre en avant.
Face à ce changement de cap, surgit la question: pourquoi Saïd Bouteflika se fait-il de plus en plus visible, après avoir cultivé l’image d’Epinal de «personnage discret» quoique maniant les leviers de commande abandonnés par son frère depuis son attaque vasculaire cérébrale (AVC) diagnostiquée en 2013 à l’hôpital militaire Val-de-Grâce, à Paris? Pourquoi choisit-t-il de s’afficher particulièrement lors des obsèques des moujahidines ?
Une chose est sûre: ces apparitions publiques ne sont pas le fruit du hasard. Elles trahissent une ambition présidentielle certaine. Elles résonnent en effet comme une précampagne pour la présidentielle de 2019. Seulement, il faut savoir si les Algériens, irrités par le règne des Bouteflika, accepteront un candidat qui n’a rien à faire valoir en dehors de ses "liens de sang" avec le président-fantôme et supporter davantage de casseroles qu’ils n’ont eu à subir durant les vingt dernières années. Reste à savoir aussi si l’establishment militaire se laissera faire. Gaïd Salah, chef d’état major de l’armée algérienne, est lui aussi un candidat non déclaré à la présidentielle. Son prosélytisme ne laisse aucun doute sur sa volonté de conquérir la forteresse (imprenable) des Bouteflika: le palais El Mouradia.
Cela dit, une question surgit: Entre le marteau des militaires et l’enclume du frère du président, le peuple algérien verra-t-il son rêve d'affranchissement s’évaporer une nouvelle fois ?
Dur, dur, d’être Algérien !