La scène est devenue habituelle qui voit, à chaque fois, des cadres en costume se mêler aux fonctionnaires saoudiens et chanter les louanges de l’économie d’Arabie saoudite, membre du G20, qui a connu une croissance rapide l’année dernière. Annoncé en février 2021, le programme est considéré comme une tentative de concurrencer Dubaï, dans les Émirats arabes unis voisins, base favorite pour les sièges régionaux des entreprises mondiales.
En dépit de critiques sur le manque de clarté du programme, «la date du 1er janvier a été maintenue», a déclaré le ministère saoudien de l’Investissement à l’AFP. «Les multinationales qui adhèrent au programme seront bien placées en vue de soumissionner pour des projets financés par le gouvernement», a ajouté le ministère. «Seules les multinationales ayant un siège dans le royaume seront éligibles aux appels d’offres et aux contrats des entités gouvernementales», a-t-il précisé.
Jusqu’à présent, 162 autorisations de siège ont été accordées dans les secteurs tels que l’industrie pharmaceutique, les technologies de l’information et la construction, «et beaucoup d’autres sont en cours de traitement», ajoute le ministère.
Le programme est un «test pour savoir si les firmes étrangères sont prêtes à adhérer aux initiatives saoudiennes, ou si elles vont (...) garder la majorité de leur personnel aux Émirats arabes unis et en déléguer quelques-uns en Arabie saoudite», a déclaré Kristian Ulrichsen, chercheur au Baker Institute de l’Université Rice.
Cela devrait également donner des indications sur la mise en œuvre de grands projets saoudiens tels qu’une nouvelle compagnie aérienne, un nouvel aéroport ou la mégapole futuriste de 500 milliards de dollars connue sous le nom de NEOM, selon M. Ulrichsen.
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Franchir les obstacles
Ryad définit un siège régional comme un bureau qui fournit «une direction stratégique, une gestion et des services de soutien pour les filiales, les succursales et les affiliés de la société dans la région (du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord)», a déclaré le ministère de l’Investissement.
L’une des firmes, IHG Hotels & Resorts, a installé son nouveau bureau au 12ème étage d’un gratte-ciel dans le quartier financier de la capitale, et l’a doté de 25 employés travaillant dans des services de gestion des revenus, des ventes, du marketing, de la conception et de l’ingénierie. Présent en Arabie saoudite depuis près de 50 ans, IHG prévoit d’ouvrir 20 hôtels dans le royaume en 2024 et 2025, a déclaré Haitham Mattar, son directeur général pour le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Ouest, lors de la cérémonie d’inauguration du bureau en octobre.
Mais la société garde des bureaux à Dubaï et ailleurs dans la région, a indiqué Haitham Mattar à l’AFP, en disant que l’ouverture d’un bureau à Ryad n’a pas été facile. «Il nous a fallu franchir des obstacles. Mais nous y sommes maintenant, ce qui est formidable, et c’est ce dont nous sommes heureux», a-t-il dit.
Des objectifs ambitieux
Le ministère de l’Investissement a vanté les avantages offerts aux entreprises qui s’installent en Arabie saoudite, notamment la possibilité d’obtenir un nombre illimité de visas de travail et une dérogation de dix ans aux quotas d’embauche de ressortissants saoudiens. Mais il n’a pas précisé le type d’allègement fiscal dont elles pourraient bénéficier, ce qui constitue une question majeure pour leurs dirigeants.
Laurent Germain, PDG du groupe français d’ingénierie de construction Egis, a néanmoins déclaré à l’AFP qu’il ne regrettait pas d’avoir établi un siège en Arabie saoudite l’année dernière, et qu’il conseillait à d’autres entreprises françaises de faire de même.
«C’est en Arabie saoudite que nous avons le plus d’activités au Moyen-Orient, et probablement pour les dix prochaines années», a-t-il déclaré, estimant que l’ouverture du bureau était «une étape naturelle». Laurent Germain a relativisé la question de rivalité entre Ryad et Dubaï, voyant dans la démarche saoudienne une volonté d’atteindre des objectifs «très ambitieux». Selon lui, les Saoudiens «prennent toutes les mesures possibles pour accroître l’attractivité du royaume».