Les exportations d'armement français ont chuté de moitié en 2017 après deux années fastes, selon un rapport annuel obtenu par l'AFP, qui insiste sur le "strict contrôle" de ces ventes alors que des ONG accusent Paris de fournir des Etats soupçonnés d'exactions envers les civils. Le Proche et le Moyen-Orient ont représenté l'an dernier un peu plus de 60% des exportations de systèmes d'armement français (3,9 milliards d'euros) sur un total de 6,9 milliards d'euros, selon ce rapport du ministère des Armées transmis au Parlement.
"Le bilan de l'année 2017, avec 6,9 milliards d'euros, indique des prises de commandes dans la moyenne des années antérieures aux contrats export Rafale", commente Paris, troisième exportateur d'armement au monde après les Etats-Unis et la Russie.
En 2015, les ventes françaises d'armement avaient atteint un chiffre record de 17 milliards d'euros grâce aux premiers contrats export du chasseur Rafale au Qatar et à l'Egypte, avant de s'établir à 14 milliards d'euros en 2016, dopées par l'achat par l'Inde de 36 avions de combat français du groupe Dassault. "L'année 2017 s'est inscrite dans un cadre plus contraint", explique le ministère, en évoquant "l'attentisme" provoqué par l'élection présidentielle française, ou "le ralentissement économique qui a touché la plupart des pays producteurs de pétrole" et "entraîné le report de certains projets d'acquisition". Enfin, certains contrats majeurs signés en 2017 (dont l'acquisition par le Qatar de 12 Rafale supplémentaires) ne sont entrés en vigueur qu'en 2018, fait valoir Paris.
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L'an dernier, les hélicoptères et les missiles (essentiellement dans le domaine naval pour des derniers) ont représenté plus de la moitié des exports français. "Ces exportations s'inscrivent dans un cadre légal extrêmement strict. Elles respectent à la lettre les traités et les engagements internationaux" et "l'Etat exerce une vigilance sans faille sur le commerce des armes", fait valoir la ministre des Armées Florence Parly en préambule du rapport de 40 pages, consacré pour moitié à la "politique française de contrôle des armements".
Paris est accusé par plusieurs ONG de fournir à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, parmi ses plus gros clients, des armes soupçonnées d'être utilisées au Yémen. Depuis l'intervention en 2015 de la coalition sous commandement saoudien au Yémen, visant à chasser les rebelles houthis, le conflit a fait près de 10.000 morts et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", avec des millions de personnes au bord de la famine, selon l'ONU.
Nombre d'associations humanitaires internationales estiment que Paris viole notamment le Traité sur le commerce des armes (TCA), ratifié par Paris en 2014, selon lequel les Etats signataires ne doivent pas transférer d'armes qui puissent servir à commettre de graves atteintes aux droits humains.
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Certains parlementaires français réclament de leur côté plus de contrôle sur les ventes d'armes conclues par le gouvernement. Quatre ONG de défense des droits de l'homme dénoncent par ailleurs lundi la livraison à l'Egypte depuis cinq ans d'armes, de machines et de systèmes de surveillance français que le régime du président al-Sissi utilise pour "écraser le peuple égyptien".
Des accusations lancées le jour de la visite officielle à Paris du ministre égyptien de la Défense Mohamed Zaki, quelques jours après celle du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, au Caire. La coopération militaire s'est considérablement renforcée entre Paris et Le Caire depuis l'arrivée au pouvoir d'Abdel Fattah al-Sissi en 2014. Depuis 2015, l'Egypte a conclu pour six milliards d'euros de contrats d'armement avec Paris, incluant 24 Rafale.
En 2017, 50 refus d'export ont été notifiés par la France, souligne le document. Ils concernaient pour l'essentiel l'Asie Centrale (36% des refus) et l'Asie du Sud (28%). Seuls 6% des refus ont concerné la zone Proche et Moyen-Orient. D'après l'institut de recherche Sipri, les ventes d'armes au Moyen-Orient ont doublé ces dix dernières années, et la région représente désormais 32% des importations mondiales.